Dans la série, « je raconte ma vie et au passage, j’en profite pour régler mes comptes et faire oeuvre de dénonciation », Yann Moix qui ne doit plus savoir quoi écrire et dont les précédents livres n’ont sans doute pas si bien marché que ça, a sorti Orléans chez Grasset, son éditeur de toujours, une violente charge contre son père, et un récit d’une enfance douloureuse.
Malheureusement, les enfants ne sont pas toujours des enfants-rois, les parents n’ont pas tous lu Dolto et les pères peuvent avoir la main lourde sur leurs proches. Il n’y a qu’à voir le nombre de violences et meurtres conjugaux comme d’enfants-martyrs.
Le problème avec les écrivains, le problème avec cet écrivain-là, est moins dans la vérité de ce qu’il écrit que dans l’usage qu’il en fait.
Après avoir asséné qu’il préférait les femmes jeunes et asiatiques au journal Marie-Claire (l’interview est ici et franchement, elle est plutôt drôle dans sa bêtise primitive), il utilise toutes les ficelles de l’auto-fiction comme celles de la repentance des erreurs de jeunesse, pour faire parler de lui.

Qu’il soit intelligent, arrogant, très ambitieux, voire opportuniste, du genre à ne fréquenter que les lieux et les gens pouvant lui être utile, manquant de confiance en lui (selon son discours officiel) et en réalité très content de lui (« j’ai cette assurance inouïe de figurer parmi les dix meilleurs écrivains français vivants ») , méprisant avec les autres, « humainement imbuvable, méprisant, odieux avec les femmes », tout cela fait-il de lui un vrai auteur, un grand écrivain?
Pourquoi a-t-il (encore) tant de soutiens, masculins très majoritairement, il faut le souligner?
A l’époque d’un petit renouveau d’un certain féminisme, peut-on tout passer à ce genre de personnage sous prétexte qu’il serait doué?
Quant à ses positions antisémites et son flirt durable et répété avec divers personnages rattachés à l’extrême-droite, dire que ce n’est qu’une erreur de jeunesse, qu’il voulait choquer, etc, est un argument un peu faible. Ce sont visiblement des idées et un milieu qui l’intéressent, voire dont il s’est senti proche longtemps. Mais évidemment, c’est plus compliqué à assumer, malgré l’étonnant soutien de Bernard-Henri Lévy.

Bernard Henri Levy , Yann Moix, 2015 Credit:EREZ LICHTFELD/SIPA/1510191008

Pauvre Yann Moix!
Bernard Pivot a annoncé récemment qu’il retirait Orléans de la liste des livres éligibles au Goncourt.
Pauvre, pauvre Yann Moix!
Voir ce rêve de Goncourt repoussé.
Recevoir d’autres lettres d’insultes.
Ne plus toucher 1500 euros par émission de « On n’est pas couché ».
La vie est si dure pour ce pauvre petit qui n’a pas su grandir tellement il a été malheureux, qui se comporte avec les femmes comme un puceau effarouché et avec les autres, comme un sale gosse,  et à qui il faut donc tout pardonner….
Décrit par un « collègue » auteur comme un « scorpion qui sanglote« , Moix continuera à tourner sur le carrousel de la célébrité.
Il n’aura pas de mal à publier son prochain livre, à entrer dans les meilleurs restaurants, à trouver les plus jolies et patientes jeunes femmes et continuera, de plus en plus aigri, à jouer le personnage de l’auteur incompris et terriblement malheureux.
Ce serait pathétique s’il ne gagnait pas sa vie comme ça -il vend en moyenne 15 000 exemplaires, ce qui doit lui assurer un revenu confortable, certes pas au niveau des très grands vendeurs comme Marc Lévy, ou des bons vendeurs comme David Foenkinos, qu’il conchie (« lui ne « pense » pas du tout, ne prétend pas « penser ». Il pense ce que tout le monde pense »)…..
Ce qu’il y a de plus drôle chez Yann Moix, ce sont ses interviews (celles que j’ai mises en liens).
Il est cocasse, ce garçon au fond.

Pauvre Yann Moix?

(Ce que j’aimerais vraiment, c’est qu’on arrête de parler dans les journaux, à la télévision et sur internet, de ces livres racoleurs, de donner la vedette, la parole et la lumière à ces auteurs sans intérêt et destructeurs pour les autres et qu’on remette de l’intelligence, du rire, du rêve dans le milieu littéraire français. Je précise que je ne l’ai pas lu et ne le lirai pas. Cette fausse polémique m’exaspère tout autant que le silence public des prétendues féministes face aux attaques, déplacées et masculines, que subit Brigitte Macron sur son physique depuis quelques semaines. A choisir, et pour rester cohérente, c’est elle que je mets en une de ce billet qui ne porte pourtant pas son nom et ne parle pas d’elle).