Ad Astra – en latin, donc. De Ad qui veut dire « vers » et impose l’accusatif, et Astra, qui vient de astrum, l’astre, et est ici un neutre pluriel.
Vers les étoiles, vers les astres…
Si les Nords-Américains se mettent à utiliser le latin pour nommer leurs oeuvres (films, livres, peintures), où va le monde?
Hé bien, le monde fait comme Brad Pitt (Major Roy McBride) dans le film du réalisateur James Gray: il s’envole vers la planète Neptune pour retrouver son père (Tommy Lee Jones qui a pris un sacré coup de vieux, il a quand même 73 ans), qui n’apparait plus sur les radars depuis des décennies alors qu’il est parti chercher des traces d’autres vies aux limites du système solaire….
On est dans un futur proche où le voyage vers Mars est devenu banal et la planète rouge un centre de loisirs de plus -avec mugs souvenirs et attractions cheap.
McBride junior (Brad Pitt) a choisi de suivre la voie de son héros de père : la conquête spatiale.
C’est un militaire posé, toujours calme, toujours réactif et contrôlant avec un très grand soin ses émotions qui sont constamment évaluées et surveillées. Sa femme (Liv Tyler) l’a quitté. Il n’a pas voulu d’enfants et il est toujours ailleurs que sur terre. Les premières scènes du film font d’ailleurs penser au film Gravity de Alfonso Cuarón (avec George Clooney et Sandra Bullock).
Mais dès que la plus haute hiérarchie miltaire lui demande d’aller chercher papa, disparu dans le lointain système solaire depuis une vingtaine d’années et qui est soupçonné d’actes terroristes, la façade se fissure. La colère remonte.

 

Photo lemagducine.fr
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C’est en fait un récit quasi psychanalytique que nous propose James Gray.
Le héros part chercher son père sur ordre militaire. Cette épopée le confronte aux souvenirs de son enfance, à un père toujours absent et peu affectueux. Puis, à ses propres choix de vie, sa solitude. Et enfin, une fois face à son père, il doit accepter le refus catégorique de ce dernier à vouloir reprendre une vie « normale ». En gros, l’aîné dit au plus jeune : fous-moi la paix, j’ai encore des choses à faire et laisse-moi vivre (ou mourir) comme je le veux.
Au final, le fils ayant réglé ses problèmes d’enfant, pourra enfin mener sa vie à lui et se laisser aller.
L’histoire se passe dans des lieux clos : les vaisseaux spatiaux ne sont pas très vastes et les stations spatiales sont confinées.
Ce qui est intéressant est que James Gray aurait pu la situer n’importe où et n’importe quand, le scénario aurait marché de la même manière.
Ainsi Brad Pitt aurait pu être le fils d’un mafieux d’origine italienne, réfugié depuis des décennies en Sicile et qu’il faut retrouver dans les montagnes. Ou celui d’un explorateur parti à la recherche de l’Eldorado et disparu dans les forêts amazoniennes.
Ce que je veux dire, c’est que peu importe le véhicule, il y a un message qui porte sur les relations des enfants à leurs parents et combien il est difficile pour les premiers de dépasser, voire de se débarrasser, des seconds quand ils ont été « toxiques » pour utiliser le vocabulaire d’aujourd’hui.
C’est un film que j’ai trouvé émouvant, qui m’a touchée dans mon histoire personnelle. J’y ai reconnu les sentiments complexes que l’on peut avoir pour ses parents, la difficulté à être vraiment soi-même et à sortir des injonctions familiales et la conclusion du film qui peut paraître un peu simpliste me semble plutôt juste. Quant aux rapports père-fils, ils sont classiques :  un père entièrement tourné vers son projet de recherche scientifique, qui dédaigne épouse et fils. Un fils qui essaie d’être à la hauteur, partagé entre admiration pour le héros et colère envers l’homme. La famille Delon nous a montré ce que ça donnait….
On peut aussi juste le voir comme un film de science-fiction.
Brad Pitt est très bon en homme complexe mais toujours honnête.
Donald Sutherland (84 ans) fait une trop courte apparition. Dommage! Que j’aime cet acteur!

Dasola en a parlé.