La vallée des larmes*, c’est l’endroit où j’ai été plongée le week-end dernier pour des raisons familiales (le déclin de ma mère qui est difficile à admettre et encore plus à voir), sentimentales (ah le coeur…) et existentielles (le temps qui passe).
Après avoir pleuré tout le week-end et une partie du lundi, j’ai cherché comment en sortir de cette fichue vallée des larmes. Il y a plein de raisons à ne pas vouloir y rester, ne serait-ce que parce que les larmes ça dessèche horriblement la peau.  On se retrouve avec une peau plissée comme le cou d’une vieille tortue, notamment sous les yeux. Boire est évidemment une solution, d’autant que j’ai au frais une excellente vodka finlandaise parfumée aux cranberry (canneberges). Manger des gros gâteaux crémeux en est une autre, la religieuse reste mon favori à ce jour et celle d’Olivier Biston à Reims viendrait sûrement à bout de tous les chagrins ….

Mais j’ai choisi une autre voie qui m’avait déjà réussi en des circonstances analogues, …


celle de l’effort et du réconfort.
Pour l’effort, je suis retournée dans ma petite salle de gym (davantage un espace où on trouve quelques machines de type plate-formes vibrantes et oscillantes et des machines de sport). Depuis qu’elle a été rachetée par des Chinois, il y a un espace onglerie et au sous-sol, quelques salles de massage et un hammam. J’ai donc réservé mardi soir une séance de sport suivie d’un massage.

Au bout de 45 minutes suantes et transpirantes de vélo elliptique, de vélo fixe et d’appareils pour les abdominaux, j’étais prête à me laisser aller sur une table de massage. Le charmant jeune homme de l’entrée m’annonce que je peux choisir entre massage chinois, massage indien et massage thaïlandais. Comme je lui fais savoir que je veux me détendre, il me déconseille le thaïlandais, trop tonique, et me laisse choisir entre le chinois (à l’huile) et l’indien (aux huiles chaudes). Va pour le chinois d’une durée de 30 minutes (je teste).

Pieds nus, je descends au sous-sol. Une dame chinoise d’un certain âge me fait allonger sur une table de massage et commence à enfoncer ses pouces dans ma nuque. Indéniablement la dame est musclée. Je ne sais pas ce qu’elle faisait avant de venir en France mais écorcher des cochons à mains nues et arracher les souches ne devait pas l’effrayer.

Comme je lui signale une contracture tenace dans le bas du dos, elle se met avec ardeur à pétrir la zone concernée, comme si elle voulait m’enlever les muscles responsables pour ensuite me les mettre sous le nez.
« Ca te fait mal?  » me dit-elle… « Ce n’est pas très agréable », est tout ce que j’ai pu répondre. Car mes pensées obsédantes étaient les suivantes : arriverais-je à remonter l’escalier pour rentrer chez moi? Pourrais-je marcher le lendemain? Et quels médicaments allais-je prendre pour pouvoir dormir? « Ca fait mal mais après on est bien », me dit-elle avec gaité. Après un temps infiniment long à enfoncer des doigts crochus sur cette partie de mon dos, elle m’a massé les jambes, fini par quelques coups de poing sur les talons et m’a fait asseoir pour planter de nouveau ses pouces vigoureux dans mes trapèzes avant de me libérer. Je suis remontée un peu sonnée en me demandant à quoi pouvait bien ressembler le massage thaïlandais qualifié de « tonique » alors que le chinois est supposé être relaxant….
Les bénéfices de ce petit parcours-santé?
A partir du moment où j’ai mis les pieds dans ma salle et pendant la soirée, je n’ai pas pensé une seule fois à mes « bobos ». Je me suis accrochée pour finir ma séance de gym sans sauter en marche de ces appareils, puis je me suis accrochée à la table de massage pour ne pas envoyer une beigne, par pur réflexe de douleur, à cette brave femme et se cramponner n’incite pas à pleurnicher. Pour un peu on se prendrait pour Tom Cruise dans Mission Impossible, une vraie super-woman! Une fois chez moi, je me suis tartinée d’huile au monoï, j’ai mangé du chou farci et de la glace et je me suis mise au lit en méditant sur la différence pour le moral entre les massages relaxants et les massages chinois. Au final, pour ce qui est de vous requinquer, les seconds battent les premiers. Trop de douceur peut faire revenir les pleurs.
Moralité : la douleur physique tue la douleur morale!

*Au cas où vous en douteriez, non, ce n’est pas moi sur la photo -bien que je sois le sosie de Nicole Kidman! D’abord je ne pleure pas en voiture et puis je ne me prends pas en photo en train de pleurer…. En revanche, après un passage prolongé dans la vallée des larmes, je vous conseille un bon masque pour le contour des yeux (Clarins, Avène) en couche épaisse.