Ce jour du 8 mars où l’on est supposé(e)s fêter les femmes – l’an dernier, je vous avais présenté un moyen d’être une femme plus belle et plus mince et le tout sans efforts-, a été l’occasion de rendre hommage à Berthe Weill morte il y a 62 ans.
On a oublié le rôle essentiel qu’a tenu cette petite (1,50m) femme myope dans la découverte et la présentation au tout début du XXe siècle d’artistes essentiels comme Picasso, Matisse, Marquet, Modigliani.


Née à Paris le 20 novembre 1865 dans une famille peu fortunée, elle est très jeune mise en apprentissage chez un antiquaire,où elle s’initie au marché des gravures du XVIIIe siècle, puis, au décès de celui-ci, ouvre en 1897 sa propre boutique d’antiqués. Mais le 1r décembre 1901, sa vie prend un tournant radical quand elle ouvre la « galerie B. Weill » dans le 9e arrondissement de Paris, rue Victor Massé. Les marchands d’art étaient plutôt tournés vers les peintres « officiels », ceux qui étaient acceptés dans les Salons. D’autres, comme le célèbre Ambroise Vollard davantage spécialisés dans les impressionnistes et les post-impressionnistes, Berthe Weill fut la première galerie à vendre des artistes contemporains peu connus et pas très bien acceptés. Non seulement elle était la première galeriste, mais en réalité elle était aussi la première

femme directrice d’une galerie en son nom propre.
C’est ainsi qu’elle fut la première à vendre des oeuvres de Pablo Picasso en 1900 , puis en 1905 les fauves dont Henri Matisse et Albert Marquet. Sa toute petite boutique sut attirer des collectionneurs et des investisseurs.
Exigeante et  peu portée aux compromis, elle ne disposait pas d’une fortune personnelle ou d’un sens marchand suffisant pour garder les artistes les plus prometteurs et finalement les Picasso, les Matisse et les autres furent séduits par des marchands qui leur promettaient des revenus plus importants. Elle continua à faire oeuvre de découvrir et ce fut chez elle qu’en 1917, eut lieu la seule exposition Modigliani réalisée du vivant du peintre. La présentation de 4 nus fit un scandale public et la police l’obligea à les décrocher, l’exposition fut maintenue malgré tout. Femme de tête, elle a toujours soutenu les femmes peintres: Marie Laurencin (1863-1956), Emilie Charmy (1878-1974), Jacqueline Marval (1866-1932) et Suzanne Valadon (1865-1938).
Le musée Marmottan, à Paris, organise la première rétrospective des oeuvres de Marie Laurencin (ci-dessous un autoportrait de 1905). 90 oeuvres dont une grande majorité provient du musée Marie Laurencin, à Tokyo, ouvert en 1983 à partir de la collection de M. Takano. On connait de Marie Laurencin ses aquarelles et tableaux aux tons doux et suaves. Son oeuvre comme sa vie mouvementées sont bien plus diverses…


Faute de revenus suffisants, la galerie Berthe Weill dut fermer en 1939. Partie vivre dans le 7e arrondissement, elle ne quitta pas Paris pendant la Seconde Guerre malgré les persécutions antisémites et mena une vie misérable jusqu’à la vente organisée par Maurice Rheims en décembre 1946 d’oeuvres offertes par 84 artistes qu’elle avait aidés. La somme recueillie lui permit de vivre convenablement jusqu’à sa mort le 17 avril 1951. On trouve ici  une belle photo de Berthe Weill en compagnie de Lucie Bollag, soeur des galeristes suisses,  Gustave et Léon Bollag.
En 1933, Berthe Weill publie ses Mémoires « Pan dans l’oeil » (La couverture originale rend hommage à ses yeux très bleus), préfacés par Paul Reboux et illustrés par Dufy, Pascin et Picasso.

 

Pour en savoir plus:   le site officiel : http://www.bertheweill.fr/, créé par la jeune et dynamique Marianne Le Morvan, historienne, qui est la fondatrice et l’administratrice des Archives Berthe Weill. Les héritiers ne possédant aucun document, Marianne Le Morvan a reconstitué toutes les archives (catalogue, correspondance, photographie). S’appuyant sur sa thèse de doctorat, Marianne Le Morvan a également écrit la première biographie de Berthe Weill, publiée aux éditions l’Ecarlate.
Pour un petit pélerinage, une plaque vient d’être posée par la ville de Paris au 25 rue Victor Massé dans le 9e (proche des métros Pigalle et Anvers) pour rappeler l’existence de sa première galerie ouverte en 1901. Allez-y, le quartier est riche en découvertes architecturales! La place Saint-Georges où ont été tournées des scènes du dernier film de Christine Pascal, la rue Frochot, le musée de la vie romantique, le sublime musée Gustave Moreau dans l’hôtel particulier où vécut le peintre… Comme j’y étais, voici quelques photos!

 

vue sur les beaux immeubles des 27 et 25 rue Victor Massé. On devine l’emplacement de la plaque recouverte d’un tissu bleu et rouge.


Discours de Marianne le Morvan

 

Plaque en attente de dévoilement (remarquez les deux cordons!)
Plaque découverte
Plaque dévoilée vue de plus près