L’histoire comme les personnages de Tarzan (film du réalisateur anglais David Yates) et de Colonia (film du réalisateur allemand Florian Gallenberger) étant profondément différents, il peut paraître étrange de les associer dans un même article. Et pourtant ces deux films partagent quelques points communs: des images bien léchées, des acteurs au jeu peu subtil et un aspect globalement artificiel.
Image: impawards.com
Image: impawards.com
Tarzan (The Legend of Tarzan) est le retour de John Clayton III (Alexander Skarsgård) en Afrique, alors même que l’enfant-singe est devenu un Lord respecté, le Lord Greystoke interprêté en 1984 par Christophe Lambert (Greystoke, The Legend of Tarzan, Lord of the Apes,  film de Hugh Hudson). Un méchant aventurier, Leon Rom (interprêté par Christoph Waltz) veut mettre la main sur des mines de diamants et, au passage, exterminer ou réduire en esclavage les populations locales. Il fait alliance avec un chef local en lui promettant de lui livrer Tarzan. Jane (Margot Robbie), devenue l’épouse de Tarzan, l’accompagne en Afrique et retrouve, dans des scènes touchantes de mièvrerie, la tribu avec qui elle a vécu et dont elle parle la langue.
Quelques flashbacks nous montrent la mort des parents de John Clayton, alors bébé âgé de quelques mois et son sauvetage par une femelle gorille, puis sa rencontre avec Jane. Il est tout à fait invraisemblable qu’un bébé élevé par des singes devienne un homme adulte parfaitement normal et parlant un anglais parfait (mais c’est le cas dans les romans), comme il l’est que les tribus africaines du film parlent anglais alors qu’on se trouve dans le Congo belge….
Ces petits sujets d’irritation dépassés, le film n’est pas si mal. Les scènes de lutte avec les gorilles, Tarzan se déplaçant de liane en liane et quelques combats sont bien filmés, le réalisateur, qui a fait certains des Harry Potter maîtrisant très bien les scènes d’action. On passera sur les acteurs: Alexander Skarsgård, qui ressemble à Viggo Mortensen, ne joue pas mais a une très belle musculature. Margot Robbie, toujours très jolie (elle séduisait Leonardo Di Caprio dans Le Loup de Wall Street), a deux expressions: une joie extatique et la colère. Waltz a sa tête habituelle de méchant. Bref, c’est agréable malgré tout, si on aime les beaux hommes, Skarsgård a la musculature esthétiquement développée -mais je préfère Chris Hemwsworth.
On peut aussi revoir Greystoke.
Image : impawards.com
Image : impawards.com
Colonia avec Emma Watson (qui a gardé l’air buté d’Hermione dans Harry Potter et n’en varie pas) et Daniel Brühl (très bien) se passe au Chili après le coup d’Etat de Pinochet en 1973.
Daniel (Daniel Brühl), graphiste et photographe allemand au Chili depuis 4 mois pour soutenir le régime d’Allende est arrêté lors du coup d’Etat. Lena (Emma Watson), son amie, hôtesse de l’air pour Lufthansa, fait tout pour le retrouver, au point de s’enrôler dans la Colonia Dignidad, communauté agricole fondée par des Allemands dans les années 1950 et qui a connu une grave dérive sectaire sous la direction de Paul Schäffer (Michael Nyqvist, inquiétant), ayant fui l’Allemagne après avoir été accusé de pédophilie. Oeuvre de charité disposant d’un dispensaire bien équipé, la Colonia Dignidad a aussi servi de base de repli au pouvoir chilien en place pour torturer des opposants politiques, acheter des armes et tester des gaz mortels. La vie y était incroyablement dure pour les membres, hommes, femmes et enfants, obligés de vivre séparément, de travailler tout le temps, sans aucun espoir d’en sortir.
Ce qui nuit à l’intérêt de l’histoire telle que la raconte le film, c’est le côté lisse de la représentation. Emma Watson reste pimpante, même au bout de 4 mois d’un régime infernal. L’évasion du couple, de la Colonie, comme du pays, n’est absolument pas filmée de manière crédible. Les décors sont léchés, proprets. Enfin, il y a le problème de la langue. Si Gallenberger qui est Allemand avait eu le courage de faire le film en allemand avec des acteurs allemands, parlant éventuellement chilien mais avec un accent allemand, l’ensemble aurait peut-être gagné en crédibilité.
Mieux vaut lire ce qu’on trouve sur internet sur cette période atroce et ces lieux de cauchemar.
Tarzan a vraiment existé. Il s’appelait William Charles Mildin, 14ème  Comte de Streatham (mort en 1919). Entre 1868 et 1883, après le naufrage de son bateau, il a vécu dans la jungle, aidé par des singes. Il a ensuite repris son titre et sa position en Angleterre, non sans avoir vécu quelques temps avec des Africains, épousé cinq femmes et eu quatre enfants! Lors de son retour à la « civilisation », il avait presque complètement oublié la langue anglaise. La différence, et elle est de taille, c’est qu’il avait 11 ans (et un sacré courage, aujourd’hui, on dirait résilience) au moment de son naufrage. Il n’était d’ailleurs pas avec ses parents sur le bateau, il avait fait une fugue.