Midsommar et Une grande fille (Дылда en russe) sont deux films qui n’ont pas grand-chose en commun à part la longueur.
Quoique…..

Midsommar est le 2e film du jeune (33 ans) réalisateur Ari Aster après Hérédité. Il est référencé comme film d’horreur, mais en réalité, je le classerais plutôt dans une catégorie « film de fiction ethnologique avec des scènes difficiles »….
Le film commence par la relation de couple qui s’effrite entre Dani (Florence Pugh) et Christian (Jack Reynor ). Elle a une soeur maniaco-dépressive qui la préoccupe beaucoup trop et il en a assez, sauf qu’il n’arrive pas à rompre, malgré les pressions de ses amis, Josh (William Jackson Harper) et surtout Mark (Will Poulter) avec qui il est en colocation. Leur 4e colocataire, Pelle (Vilhelm Blomgren) invite ses amis à venir en Suède, dans la communauté où il a grandi pour participer à une cérémonie de solstice d’été. Après une tragédie familiale, Dani s’impose au groupe et tous partent ensemble.
Arrivé dans un univers bucolique et paisible après avoir fumé quelques pétards en plein air, le groupe est accueilli par la communauté, tous vêtus de tenues blanches ornées de broderies traditionnelles.

image le point
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Dortoir collectif, repas en groupes, rituels solennels.

La première « cérémonie » est violente. C’est la partie la plus visuelle et la plus difficile à supporter du film. Certains invités extérieurs à la communauté veulent partir. Pelle (l’acteur est excellent avec son air bon enfant et placide qui a toujours une explication pour tout) convainc ses amis de rester. Josh et Christian décident de faire de cet endroit le sujet de leur thèse. Dani va être élue « reine de mai ».
La suite oscille entre étrangeté et cauchemar éveillé.
Le contraste entre le ciel bleu, la vaste clairière, les décorations fleuries, les membres souriants et calmes de la communauté et le désarroi des invités américains qui veulent toujours parler, expliquer, est saisissant.
Quand le film se termine, on revisite certains épisodes, certains récits et on comprend mieux ce qu’on a vu. Autant dire que jamais de ma vie, je n’irai dans une communauté assister à une cérémonie qui n’a lieu que tous les 90 ans!
A titre de curiosité, on peut voir l’acteur Björn Johan Andrésen qui jouait dans Mort à Venise de Visconti le jeune Tadzio qui rendait fou Dirk Bogarde. Il a 64 ans aujourd’hui mais sa page wikipedia montre une photo de lui dans le film de Visconti…
Les acteurs du film sont excellents.

Une grande fille pourrait avoir en commun avec Midsommar que les personnages sont rarement seuls et que les évènements semblent les dépasser.

image allociné
image allociné

Leningrad 1945, la guerre vient de se terminer.
Ilya (Viktoria Miroshnichenko) , surnommée la Girafe, très grande jeune femme blonde, s’occupe de son petit garçon Pachka et travaille à l’hôpital. Elle est sujette à des crises étranges où elle se pétrifie pendant de longues minutes. Ce qui sera fatal au petit garçon.
Son amie Macha (Vasilisa Perelygina) revient du front et vient habiter avec elle dans la chambre qu’Ilya occupe dans un appartement collectif,  ce système très courant dans les grandes villes jusqu’à très récemment. On découvre que Packa était le fils de Macha qui décide alors qu’elle veut un autre enfant.

image franceinfo
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Le rythme lent du film laisse les personnages s’installer, leur vérité se révéler peu à peu et le tragique de leur situation se dévoiler. Les rapports humains sont durs et surprenants. C’est un film triste car il nous parle des conséquences tragiques des guerres sur les hommes, blessés parfois irrémédiablement et les femmes qui ont dû survivre à tout prix.
L’atmosphère est très russe dans le sens où les personnages ne se plaignent jamais, ne font jamais preuve d’un sentimentalisme débordant et pourtant montrent de la compassion les uns pour les autres.
Aucune musique ne souligne inutilement ce qui se passe.
Les décors, les costumes sont à la fois réalistes et donnent une beauté mélancolique aux scènes.

Kantemir Balagov qui n’a que 28 ans réalise un film exceptionnel.
Dasola raconte l’histoire mieux que moi.

J’avais vu son premier film Tesnota, une vie à l’étroit, qui était remarquable.

Ces deux films sont à voir au cinéma pour mieux ressentir (éprouver?) l’art des réalisateurs.