Si vous vous posez ce genre de question, il est grand temps que vous lisiez Douglas Coupland qui a quelques réponses à proposer.
« Eleanor Rigby » est une chanson écrite et chantée par Paul McCartney/les Beatles en 1966. Le thème en est plutôt triste, malgré une musique à la fois rythmée et vaguement sirupeuse en raison de l’utilisation des cordes, instrument suggéré par le producteur George Martin, qui donnent un tour néo-classique à la musique, ce que McCartney apprécia particulièrement. Eleanor s’appelait à l’origine Daisy Hawkins avant que McCartney ne change le prénom puis le nom. Bien qu’une véritable Eleanor Rigby ait existé, le personnage de la chanson est totalement fictif. Prétendre le contraire est alimenter une des nombreuses légendes entourant les Beatles.

« Eleanor Rigby » est aussi le 9e roman (2004) de Douglas Coupland, romancier canadien de langue anglaise. Comme dans un autre de ses romans, « Toutes les familles sont psychotiques » (2001), Coupland met en scène

des personnages qui essaient de fuir leur famille mais que les circonstances amènent à des retrouvailles d’autant moins désirées qu’aucun, père, mère, sœur, frère, n’est particulièrement équilibré. Les coups de théâtre et les rebondissements invraisemblables se succèdent. Dans ces deux livres (éditions 10/18), certains personnages sont gravement malades, d’autres sont stupides et narcissiques, et aucun n’a de contrôle sur les évènements, les malentendus, les choses et les gens qui leur tombent dessus. Liz Dunn, l’héroïne d’Eleanor Rigby, 36 ans, rumine sa solitude sans pour autant y trouver de solution, ni sur internet, ni dans les livres de « self help » qui pullulent en langue anglaise. « Les auteurs de ces bouquins vendant la solitude comme la panacée assènent immanquablement une liste poussiéreuse d’écrivains qui, à travers les siècles, ont osé débattre de ce sujet sans jamais néanmoins se contenter de dire le mot solitude… Comment êtes-vous supposé puiser un quelconque réconfort dans ces histoires de communion avec la nature écrites par ces auteurs démodés, où il n’est question que de longues promenades et de brise dans les arbres ? S’ils étaient encore vivants, ils iraient tous dans des bars SM ». Elle se remet à peine de l’arrachage de dents de sagesse quand un appel de l’hôpital de la ville lui apprend que son passé lui revient en pleine face sous la forme d’un jeune homme « beau, guère plus de vingt ans, baraqué, la peau claire, les cheveux bruns légèrement bouclés et juste assez d’air de famille pour réduire à néant tout doute sur son identité »… L’histoire ne fait que commencer.

Un peu comme chez Tom Sharpe, ou dans la série télévisée « My name is Earl », rien ne se passe bien mais tout le monde avance gaiment sur un chemin boueux, plein de nids de poule, de flaques et de cailloux, le sentier des jours pas ordinaires . De tous ces soubresauts, ils sortent pleins de vitalité et prêts à de nouvelles rencontres, de nouvelles amours. Il plane dans ces livres un mélange d’acceptation stoïcienne de son destin, d’humour féroce, de vision noire du monde et de volonté de survivre à tout prix qui leur confère une énergie malicieuse et très stimulante.

L’activité artistique multiple de Coupland y est sans doute pour quelque chose. Avant d’écrire et de publier son premier livre « Génération X », il a fait les Beaux-Arts à Vancouver. En 2000 il a repris une activité de sculpteur et designer parallèlement à ses activités d’écrivain.

 

On connait la version des Beatles, en voici une interprétation chantée par un jeune Paul McCartney sous-titrée en japonais (ou en coréen?)

 

Il y a aussi celle d’Aretha Franklin qui en fait une bombe pas du tout larmoyante, mais c’est Aretha…

 

En conclusion, les paroles? Les voici.

Ah, look at all the lonely people
Eleanor Rigby picks up the rice in the church where a wedding has been,
Lives in a dream
Waits at the window, wearing the face that she keeps in a jar by the door
Who is it for?

All the lonely people
Where do they all come from?
All the lonely people
Where do they all belong?

Father Mckenzie writing the words of a sermon that no one will hear
No one comes near.
Look at him working, darning his socks in the night when there’s nobody there
What does he care?

All the lonely people
Where do they all come from?
All the lonely people
Where do they all belong?

Ah, look at all the lonely people
Ah, look at all the lonely people

Eleanor Rigby died in the church and was buried along with her name
Nobody came
Father Mckenzie wiping the dirt from his hands as he walks from the grave
No one was saved