Dans la rubrique « Faut-il vraiment que j’aille voir ça? », je suis allée voir pour vous au musée du Louvre l’exposition autour du tableau de Léonard de Vinci, « Vierge à l’Enfant avec Sainte Anne », peint entre 1501 et 1519.

Le parcours très intelligent, dont Vincent Dieulevin est le commissaire, amène progressivement le visiteur à la parfaite compréhension de l’oeuvre. Aux murs, on peut scruter les premières esquisses du peintre, ses croquis et ses études pour la position des personnages.On perçoit la lenteur du processus de la mise en place du sujet. Les personnages….

arrivent – Saint Jean-Baptiste enfant-  et disparaissent – le Saint enfant est remplacé par un agneau. Jean-Baptiste est le précurseur du Christ qui annonce à la fois sa venue et son sacrifice pour l’humanité – l’image de l’agneau va symboliser seule la vocation et l’avenir de l’enfant Jésus.

Les expressions et les gestes sont beaucoup travaillés. Dans un des projets, la Vierge retient son Fils par le moyen d’un linge passé autour de la taille du petit enfant, méthode utilisée par les nourrices à l’époque pour empêcher les jeunes enfants de tomber à l’eau ou dans la cheminée. C’est avec inquiétude que Sainte Anne contemple cette scène où sa fille s’oppose au destin du Fils de Dieu pour lui éviter la souffrance à venir. Le peintre a  finalement renoncé à la violence contenue de cette scène, qui fait appel aux sentiments passionnés d’une mère, pour aller vers une représentation plus sereine où la Vierge comme Sainte Anne acceptent le sacrifice et les moments douloureux à venir. Le regard inquiet de Sainte Anne se change en un regard calme posé sur le groupe de l’enfant et de la mère.

Au travers des nombreuses copies réalisées au moment même de la longue conception de l’oeuvre, les vêtements eux-mêmes évoluent dans les drapés ou le dessin des sandales, les coiffures sont étudiées avec soin.

Après ces étapes initiatrices, le visiteur se retrouve enfin face au tableau restauré qui offre à l’oeil des couleurs vives – comme les peintures de Michel Ange à la Chapelle Sixtine. Des bleus, des rouges, des jaunes francs et la délicatesse des paysages bleutés du fond.

« La Vierge aux rochers » astucieusement placée à proximité nous montre la nécessité de nettoyer les couches de vernis qui assombrissent et encrassent la finesse des détails.

A côté du tableau restauré: le grand carton préparatoire, de même taille, conservé à Londres et qui n’a jamais été présenté à côté de l’oeuvre peinte; les éléments dessinés par le maître et découverts au dos du tableau lors de sa restauration (une tête de cheval, un crâne et un enfant); des photos montrant quelques étapes de la restauration.

En conclusion du parcours, quelques tableaux des XIXe et XXe siècles, dont un extraordinaire Max Ernst .

– « Faut-il vraiment que j’aille voir ça? » – Oui!!

Jusqu’au 25 juin. Tous les jours sauf le mardi. Nocturnes mercredi et vendredi. En arrivant avant 11h le matin, il n’y a pas trop de monde.