1. Quand on blogue, on est persuadées :
    1/ d’avoir quelque chose de nouveau à apporter – car, sinon pourquoi bloguer? (pour plein de raisons en fait… Voir plus bas),
    2/ qu’on va avoir plein de lectrices et lecteurs, enthousiastes, formidables, dont les commentaires seront à la fois intelligents, laudatifs et gratifiants,
    3/ que Steve Jobs va  nous lire et nous offrir le job de directrice de communication pour Apple Monde. Ah? Il est mort? Bon, Karl Lagerfeld  fera tout aussi bien l’affaire!
    4/ qu’avec la gloire, viendra l’argent qui nous permettra enfin d’acheter les sacs Chloé, les tailleurs Vuitton et les macarons Ladurée dont on rêve depuis qu’on lit les magazines féminins.

En général, on se rend assez vite compte

que si on n’a pas un blog de mode (de modasses, si on veut vraiment montrer qu’on est au-dessus de ça), tous les rêves ci-dessus resteront des rêves. Si ça peut vous rassurer, même les blogs de mode n’ont pas tous un succès équivalent. D’où les crises de jalousie qui apparaissent régulièrement sur la Toile.

Au moins on compte sur sa famille, ses ami(e)s, voire ses collègues pour être des lecteurs/trices réguliers, pour nous parler de ce qui leur a plu, pour poster des commentaires intelligents et toujours aimables, bref pour nous passer un peu de brosse à reluire. Un peu comme Maman qui venait applaudir le spectacle de fin d’année pendant que Papa filmait… Ah bon? L’amitié ne sert pas aussi à ça? J’ai dû mal comprendre…

Mais vous a -t-on jamais répondu alors que vous envoyiez fièrement à vos ami(e)s les plus proches un mail annonçant l’ouverture de votre blog ou faisant la promotion de votre plus récent, et forcément génial, post?
– Désolée, je passe ma journée devant un écran d’ordinateur, alors le soir, je ne regarde pas internet.
Ou bien :
– Désolée, je ne lis jamais de blog. Je n’ai pas le temps.
Ou encore :
– Tu comprends, je n’aime pas le virtuel. Il me faut un face-à-face.

Toutes ces phrases suscitent la même incompréhension chez moi que si on me disait :
– Les histoires d’amour des autres m’ennuient. Ne me parle pas des tiennes.
Equivalent en blog : ce que tu racontes m’intéresse moyen, arrête de faire ton intéressante.
Ou bien:
– Elles sont bizarres tes madeleines, je te donnerai ma recette.
Equivalent en blog: franchement tes tentatives sont un peu minables/superficielles/, j’ai tellement mieux à faire dans ma vie.
Ou encore:
Si tu habitais à moins de trois stations de métro, je viendrais te voir plus souvent.
Equivalent en blog :
– Oui bien sûr que je te lis, j’ai bien aimé tel post -le dit post ayant été écrit et mis en ligne trois mois auparavant….

Ne pas lire le blog d’un(e) ami(e) en invoquant tous ces prétextes, c’est ne pas voir que créer et alimenter un blog résulte d’un besoin profond d’exprimer une partie de soi, besoin qui n’est pas si différent d’une création artistique, de l’élaboration d’une blanquette de veau ou d’un effort sportif. Dans tous les cas, on a besoin de montrer, de partager, d’échanger, de réagir ensemble.

Alors que faire de celles et ceux qui affichent un refus obstiné de vous lire ?
Moi, je laisse tomber. Si vraiment, on ne veut pas jeter un oeil à mon blog, c’est qu’au fond, on n’a plus rien à se dire.
Trop radical?

(article publié chez les So Busy Girls)