Décidément je suis dans ma période « film à testostérone »!
Après Rush, Sherif Jackson et The Wolverine, je continue dans le genre « film où on ne rigole pas et où tout le monde se prend vachement au sérieux ».
Dans »Prisoners », Hugh Jackman renoue avec un certain  hirsutisme qu’il avait montré dans Wolverine. Keller Dover est un homme très croyant qui vit de travaux de réparation dans une banlieue boisée et modeste de la côte Est, avec sa femme (Maria Bello vue dans « A History of Violence » de David Cronenberg avec le fascinant Viggo Mortensen), son fils et sa fille. Dover est du genre paranoïaque et survivaliste – tout son sol est rempli de produits de première nécessité au cas où une catastrophe naturelle empêcherait le ravitaillement ce qui provoquerait des émeutes.


Ils vont fêter Thanksgiving (manger la dinde, le maïs, les patates douces) chez leurs voisins qui ont deux filles et habitent tout près. Les deux plus jeunes filles partent chercher quelque chose dans la maison de Dover et s’évaporent en cours de route.
Ce genre

de disparition est bien évidemment le cauchemar de tout parent. Dès le début du film, on a un suspect, un garçon un peu attardé (stupéfiant Paul Dano, qui a joué dans « Little Miss Sunshine », « There Will Be Blood », « Cowboys et envahisseurs ») qui se promène dans son camping-car. Toute la question va être : est-il ou non coupable,ou au moins complice, de cet enlèvement?
Dover trouve que la police n’agit pas assez vite et décide de prendre les choses en main. Prise en main brutale qu’il justifie par la sauvegarde de sa famille et une défiance envers la police. Parallèlement l’inspecteur Loki, joué par Jake Gyllenhall (pas mal, mais aura-t-il un jour un meilleur rôle que dans « Le secret de Brokeback Mountain »?), mène une enquête serrée et obsessionnelle. Autant Dover/Jackman s’acharne sur le même sillon, autant Loki/Gyllenhall essaie de ne rien laisser de côté et suit de nombreuses pistes qui baladent le spectateur d’une hypothèse à l’autre. Jackman n’est pas plus expressif que dans « Wolverine » et ne se départ pas de son air concentré de l’homme qui a une mission à accomplir. Gyllenhall promène l’air torturé du flic qui en a déjà vu beaucoup et s’apprête à voir pire.


Ce (long, presque 2 heures) film est par moments franchement éprouvant en raison de scènes violentes. Les personnages sont ambigus, leurs réactions complexes, leurs sentiments dissimulés finissent par exploser au grand jour. Ainsi Grace, la femme de Dover, lui reproche-t-elle de ne pas les avoir protégés comme il lui avait promis.

Denis Villeneuve est un réalisateur de 46 ans né au Québec, francophone donc. Le script de Aaron Guzikowski fini en 2007 a dû faire un long chemin avant d’être réalisé, il passait pour trop lugubre. C’est vrai que ce n’est pas un film follement gai. Tous les personnages sont enfermés dans leurs modes de pensée, leur vision du monde, leurs fantasmes et leurs peurs et sont finalement bien seuls.
A voir alors ou pas? Pourquoi pas, si on aime le genre « thriller sombre ». Les rebondissements sont nombreux, on ne s’ennuie pas.

Denis Villeneuve