Interstellar est un thriller écolo-spatialo-futuriste auquel je n’ai pas compris grand-chose, sinon que ça parle aussi – à part les exploits intergalactiques et transdimensionnels- d’amour familial, de confiance, de mensonges et de la survie de l’espèce comme de son propre instinct de survie.
Je vais donc laisser l’écran à mon chroniqueur spécialiste, Kid Loki (qu’on peut voir ici et relire ici ou ici)

Kid, le micro est à toi (en réalité c’est une rediffusion, ce billet est paru sur le forum de Noob)!

Interstellar, écrit et réalisé par Christopher Nolan, connu comme réalisateur du très bon le Prestige, d’Inception ou encore de la dernière trilogie Batman, est un film de science-fiction, comme le titre l’indique.

Première chose à savoir :

s’il ne s’agit pas d’un space opéra, où il évident que l’on n’est pas dans un contexte réaliste, à l’instar des Star Wars ou Star Trek, pour ne citer que les plus évidents, on reste dans la science-fiction, ce qui implique que les concepts scientifiques utilisés peuvent ne pas faire de sens ou être utilisés d’une manière qui ne fait pas de sens. Donc je ne rentrerai pas dans le débat des gens qui s’énervent sur les aberrations scientifiques parce que ça ne sert à rien de le faire.

Ça reviendrait à critiquer Star Wars, pour garder cet exemple, sur le fait qu’il ne peut pas y avoir d’explosions dans l’espace, ou que les vaisseaux ne devraient pas faire de bruit, ou encore que les sabres laser ne peuvent pas exister. On s’en fiche. On le sait, ce n’est pas important, ce sont juste des prétextes à l’histoire. Suspension de l’incrédulité, tout ça. Mais je vais revenir sur cet aspect par un chemin un peu détourné.
L’intrigue est simple mais efficace : l’humanité est sur le chemin de la destruction, et il revient à une équipe réduite dont fait partie le personnage principal, incarné par Matthew McConaughey, de tenter une dernière mission spatiale avec pour objectif de trouver une solution à ce petit problème.

On a dit de Nolan qu’il a une trop grande propension à vouloir tout contrôler, notamment l’intrigue, ce qui fait que tout est lié, rien n’est laissé au hasard et chaque détail compte. C’est particulièrement vrai dans ce film. Mais ça n’en rend les choses que plus intéressantes au vu de l’utilisation de la manipulation temporelle. Je n’ai pas d’autres mots pour désigner ce qui ce passe que ceux-ci (ou alors le wibley-wobley timey-wimey de Doctor Who, mais c’est moins pertinent, peut-être) si je ne veux pas spoiler. Toujours est-il que ce travers de Nolan est bien utile dans l’intrigue et ne gâche rien, au contraire. Jusqu’au bout, on se demande où tout ceci va, puisque Nolan ne peut faire de fin ouverte avec un tel parti-pris.
L’autre aspect intéressant est le parallèle à partir des deux tiers du film entre les évènements sur Terre et ceux dans l’espace. La mise en scène et le découpage sont habilement faits de manière à ce que la même ambiance se dégage des deux situations, voire se renforce d’elle-même, tout en n’entraînant aucune interruption de la musique.

Ce qui m’amène au point suivant : la bande sonore. Je ne fais pas référence en utilisant ce terme qu’à la musique, mais à tous les sons : voix, bruitages, niveau sonore, partition orchestrale. Si la musique est en soi superbe, et sert magnifiquement bien le film, l’usage des bruitages et des silences est tout aussi époustouflant. En jouant sur l’alternance son/silence dans les phases spatiales, selon que la caméra soit centrée sur l’intérieur de la navette ou de la station, ou bien sur l’extérieur, voire sur l’espace, le film réussit à nous immerger dans l’action, à la rendre réaliste. De même, par l’usage des basses, il procure les vibrations ressenties par les personnages, et donc le sens de pression, tant physique que psychologique.

Je vais peut-être relever un élément de plus : le niveau sonore des voix et de la musique, celui des sons en général en fait, est bien dosé : montant ou descendant selon les situations, jouant sur les différences d’intensité des différentes pistes selon les situations…
Tout est là pour immerger le spectateur dans le film.
Et la mise en scène ne fait que renforcer cela. Visuellement, j’avoue m’être pris une claque. Les effets spéciaux sont impeccables, et le film criant de réalisme, à part pour une scène bien précise mais encore une fois bluffante sur le plan visuel.

L’espace est très bien rendu, tout comme l’apesanteur à laquelle sont soumis les personnages. Il faut d’ailleurs rendre hommage au jeu de chacun d’entre eux, pour réussir à transmettre cette sensation d’absence de gravité. De manière plus général, le jeu est irréprochable, même chez les plus jeunes acteurs, ce qui n’est pas toujours évident. Il s’agit d’un élément de plus en faveur du réalisme du film, dans la forme si ce n’est complètement dans le fond.
Pour en revenir aux effets spéciaux, même les aspects les plus irréalistes, comme les robots ou les singularités, dégagent une impression de crédibilité. On cesse rapidement de se poser des questions sur les robots pour les voir comme des personnages à part entière, et on accepte la singularité comme si elle avait effectivement été filmée, de même pour les différentes planètes et scènes dans l’espace, incroyablement crédibles.
Je vais finir en revenant à ce que je disais au tout début, un peu comme l’intrigue d’Interstellar en fait (sans commentaire).

Le point fort de ce film est son caractère réaliste. Ici, pas de sens de l’urgence factice, la théorie de la relativité se charge de rendre ça crédible, comme les développements de l’intrigue, pour une fois. Pas non plus de miracle technologique non expliqué comme élément central, tout est plutôt crédible et proche de ce que l’on a actuellement.
Les personnages eux-mêmes, par la qualité du jeu des acteurs, semblent réels, et on comprend plutôt bien leurs motivations, ce qui a fait d’eux ce qu’ils sont. De même, pas d’éléments détonnants qui mettraient à rude épreuve la suspension de l’incrédulité. En tout cas, pas pour la majorité du film, toujours à cause de cette même scène.
Mais d’une certaine manière, ce réalisme aura quelques peu desservi le film : il est critiqué sur l’invraisemblance de son argument scientifique. Ce qui me fait reposer la question : pourquoi ce film de science-fiction, et pas un autre, comme Blade Runner, Alien, ou le dernier Star Trek ? Parce qu’il est proche de notre réalité qu’eux ? Ce n’est pas une raison. Après tout, ça reste une oeuvre de fiction, d’anticipation, d’une certaine manière. Il faut savoir accepter que les films de science-fiction n’ont pas à être réalistes, et n’ont jamais vraiment prétendu l’être. Au mieux peuvent-ils être crédibles, et ce qu’a réussi à être Interstellar.
Je vous recommande d’aller le voir, ne serait-ce que pour vous faire une idée sur la question, mais surtout pour ce que Nolan a réussi à faire avec l’espace, ce tour de force de le rendre crédible tout en évitant de le rendre ennuyeux.

J’ajouterai, en mon nom propre de Colette Du Net, que John Ligthgow joue dans ce film le père de Matthew McConaughey et qu’il est l’un des deux acteurs principaux d’un film que j’ai beaucoup aimé :  Love is Strange de Ira Sachs. On croise également Matt Damon, Casey Affleck, le frère de Ben, Michael Caine dans des rôles de second plan.
McConaughey, toujours aussi ravageur bien que ne faisant, pour une fois, aucun effet de torse nu ou de muscles puissants, y est extraordinaire de vérité.