Après Claude Sautet (mort en 2000) réalisateur du film « Les choses de la vie » (1970), Paul Guimard (mort en 2004, auteur du roman du même nom et époux de Benoîte Groult (en 2016), ce sont Michel Piccoli, acteur, et Jean-Loup Dabadie, auteur des dialogues du film qui tirent leur révérence.
Pour ce film, son  premier film intimiste, Claude Sautet avait pensé à Annie Girardot et Yves Montant. Finalement ce fut Romy, grâce à « La Piscine » qui hérita du rôle et devint ainsi la muse de Sautet.
J’avais tout oublié de ce film, passé ce soir à la télévision : tout le monde fume tout le temps, les hommes, les femmes, leurs enfants. Les infirmières portent des bonnets en toile. Les ascenseurs et les voitures ne sont pas aux normes : des portes en bois pour les premiers, pas de ceinture de sécurité ni d’airbag pour les secondes. Bobby Lapointe (mort en 1972) y a un petit rôle. Un prêtre récite l’extrême-onction sur les lieux mêmes de l’accident… Et je traduirais « verschönen » par enjoliver, plutôt que par affabuler, n’est-ce pas les Matching Points?
Mais les histoires d’amour ne changent pas. Et les mots que Dabadie met dans la bouche de Romy Schneider sont à peu près ceux qu’elle dira plus tard devant Alice Schwarzer.

Romy Schneider, disparue en 1982, avait accepté de chanter elle-même « la chanson d’Hélène » (musique Philippe Sarde, texte Jean-Loup Dabadie), accompagnée par la voix de Michel Piccoli qui n’avait pas changé lui-même dans « Les demoiselles de Rochefort » (1967). Philippe Sarde avait 19 ans quand il composa la musique du film, sa première d’une longue carrière.
C’est une chanson mélancolique, magnifique tant par ses paroles que par le thème musical. Elle fait écho à ce que Romy disait dans l’interview qu’elle a accordée à la journaliste et féministe allemande Alice Schwarzer en qui elle avait confiance.  C’était en 1976 à Cologne et c’était en français! Arte a diffusé récemment « Conversation avec Romy Schneider », où Alice Schwarzer explique le contexte de cet entretien nocturne. Romy disait : « on est tellement découragées de notre courage. Moi je donne du courage à un homme et on le décourage. Ca leur fait peur ». Elle ajoute ensuite : « Tu sais ce que tu as en face de toi? Le spleen germanique. C’est la contradiction perpétuelle, totale. Tu ne choisis jamais la facilité ». C’est Luchino Visconti qui avait utilisé cette expression à propos de l’actrice.
Pour l’écouter et la voir avec Piccoli en studio, c’est ici  grâce à l’INA:

Il y a eu plusieurs reprises. Celle que je ne connaissais pas et trouve inattendue, c’est celle-ci avec Daniel Darc (mort en 2013) et la chanteuse Berry.

La reprise par Misia, chanteuse de fado, et Iggy Pop vaut franchement le détour! Le clip est d’une beauté à tomber par terre. La voix puissante de Misia à laquelle répond la voix caverneuse d’Iggy font frémir.

Jill Caplan, avec Jay Alanski, et Sandrine Kiberlain, avec Vincent Delerm l’ont aussi reprise.
L’irrésistible Sophie Hunger la chante avec Eric Cantona. Sur youtube.

 

Ce soir nous sommes septembre
Et j’ai fermé ma chambre
Le soleil n’y entrera plus
Tu ne m’aimes plus
Là-haut un oiseau passe comme une dédicace
Dans le ciel
Je t’aimais tant Hélène
Il faut se quitter
Les avions partiront sans nous
Je ne sais plus t’aimer Hélène
Avant dans la maison j’aimais quand nous vivions
Comme un dessin d’enfant
Tu ne m’aimes plus
Je regarde le soir tomber dans les miroirs
C’est ma vie
C’est mieux ainsi Hélène
C’était l’amour sans amitié
Il va falloir changer de mémoire
Je ne t’écrirai plus Hélène