Kissing Jessica Stein, réalisé en 2001 par Charles Herman-Wurmfeld et écrit par Jennifer Wesfeldt* et Heather Juergensen qui en avaient déjà joué les prémices sur scène, filme la rencontre à Manhattan de Jessica (jouée par Wesfeldt),  journaliste-rédactrice, et Helen (jouée par Juergensen), galeriste.
De la première, petite blonde vénitienne aux cheveux longs et lisses, nous sont présentés très vite la mère, la grand-mère, le frère, famille juive soudée, joviale et envahissante, le boss qui est aussi son ex-petit ami, l’amie enceinte jusqu’aux yeux.

De l’autre, grande brune aux cheveux (plus) courts, nous ne connaissons qu’un couple d’amis homosexuels et toute une palanquée d’amants, des plus ennuyeux aux plus saute-au-paf (quoique l’expression s’utilise habituellement pour les femmes).

Heather Juergensen, la brune et Jennifer Wesfeldt, la blonde

Tout l’entourage de la première…

cherche bien évidemment à la caser que ce soit à la synagogue ou au repas de fiançailles de son frère. La seconde s’ennuie et cherche un nouveau défi amoureux, pourquoi pas une femme? Bien qu’elle soit classée dans la rubrique « femme recherche femme », Jessica répond à une annonce passée par Helen parce que c’est une citation poétique. L’affaire (sexuellement parlant) est longue à se conclure.
Comédie new-yorkaise typique, louchant sur Woody Allen, le film contient quelques scènes mémorables. Comme celle où Helen interroge Jessica sur sa satisfaction sexuelle et précisément sur les orgasmes qu’elle lui procure et dont elle ne sait rien puisque Jessica ne manifeste rien. Le questionnement drôle en soi dans sa menée insistante est renforcé par le fait que ce soit en pleine rue, face à un étal de fruits et légumes et devant lequel, inévitablement, s’arrête la meilleure amie de Jessica qui décortique la situation en deux coups d’oeil. Au mariage du frère de Jessica, les deux femmes arrivent comme un couple officiel. Helen se trouve coincée à une table composée uniquement de femmes de tous âges, épinglée comme un phénomène de cirque et bombardée de questions accompagnées de regards avides d’exotisme.

Au final, le couple se grippe au bout de quelques mois de vie commune. Pas à cause de questionnement sur leur avenir ensemble, ni sur la question des enfants, des amis, des voisins. A cause du sexe. Jessica n’aime pas ça. Helen aime trop ça. Jessica aime la vie de couple pour son côté « cosy ». Helen regrette qu’il n’y ait plus de désir. Quelques plans plus loin, Helen est avec une autre femme. Jessica apparemment seule, croise dans une librairie son ex-boyfriend et semble à la fois célibataire et heureuse. Mais elle a changé de coiffure et on sait qu’une femme qui change de coiffure est une femme qui change de vie…

Morale(s) de ce film? Quelques pistes.
– On ne trouve pas forcément l’amour dans son entourage proche et il faut parfois se risquer à faire un pas vers l’inconnu (répondre à une annonce dans ce film).
– Faire des expériences permet l’accès au changement (Helen continue à vivre des relations homosexuelles. Jessica a quitté son travail).
– Se débarrasser de ses préjugés n’implique pas qu’on change de personnalité du tout au tout (Jessica couche et vit avec une femme, elle reste néanmoins une personne certes affectueuse mais peu portée sur le sexe).

Le titre de ce post est emprunté à la chanson de Mylène Farmer (1992).
*Un acteur fait une toute petite apparition: Jon Ham, futur Don Draper de la série télévisée « Mad Men ». Jennifer Westfeldt en est la compagne depuis plus de 10 ans. La preuve en photos.