Ce ne doit pas être la première fois que mon anniversaire passe à l’as mais à cause d’une quarantaine, je ne l’avais jamais vécu.
On oublie que les épidémies ont été fréquentes et mortelles en Europe au fil des siècles.
Même si parfois, en écoutant les informations, on peut avoir l’impression d’une impréparation politique ou d’une désinvolture de la part des représentants officiels (ces stocks de masques non renouvelés!), la France est tout de même mieux équipée qu’au temps de la Peste Noire qui apparait dès le VIème siècle dans le bassin méditerranéen. Pour ce qui est de la Grande Peste de 1347, sa propagation est en grande partie due aux habitants qui fuyaient une ville infestée pour se réfugier ailleurs, emportant avec eux le bacille, identifié en 1894.
Ca ne vous rappelle rien ces grands exodes?
Ces gens s’entassant dans des trains aujourd’hui, des voitures à cheval autrefois, et se contaminant mutuellement avant de contaminer les résidents de leurs destinations?
Quant à celles et ceux qui croient qu’on en tirera les leçons et que le monde sera meilleur, forcément meilleur, les chroniques (dites) de Jean de Venette écrites à cette période ne sont guère encourageantes :
« Hélas, de ce renouvellement du monde, le monde n’est pas sorti amélioré. Car les hommes furent après encore plus cupides et avares, car ils désiraient posséder bien plus qu’auparavant ; devenus plus cupides, ils perdaient le repos dans les disputes, les brigues, les querelles et les procès. Le terrible fléau infligé par Dieu ne fit pas naître non plus la paix entre les rois et les seigneurs ; au contraire les ennemis du roi de France et de l’Église les attaquèrent par terre et par mer plus vigoureusement et plus méchamment qu’auparavant, et de plus grands malheurs encore pullulèrent.
Elle eut aussi cette conséquence étonnante : bien qu’il y eût abondance de tout, les prix de toutes choses doublèrent, aussi bien pour les objets et ustensiles que pour les vivres, les marchandises et les salariés [mercenarii], cultivateurs et serfs, à l’exception de quelques héritages et maisons qui étaient désormais de trop. La charité commença alors à se refroidir beaucoup et l’injustice abonda, ainsi que l’ignorance et le péché ; car on ne trouvait presque plus personne qui soit ou voulût enseigner aux enfants les rudiments de la grammaire. »  http://sourcesmedievales.unblog.fr

peste-a

Dans la belle exposition que le Petit Palais a consacrée cet hiver au peintre napolitain Luca Giordano (1634-1705), j’ai pu voir ce tableau saisissant de Domenico Gargiulo dit Micco Spadaro (1609-1675), intitulé La peste au Largo del Mercatello, 1656. On y voit les corps entassés, la ville close, le désordre et la peine.

Le Canard Enchaîné
de cette semaine ne dit pas les choses si différemment à propos de la spéculation à laquelle se livrent actuellement les patrons français – et sans doute étrangers- des très grands groupes industriels et financiers. Ils peuvent bien ensuite offrir gel hydroalcoolique et masques, ils sortiront enrichis de cette épreuve qui appauvrira tant de gens qui travaillent pour eux ou pour d’autres.
Je ne suis ni pessimiste, ni cynique, tout juste réaliste.

Malgré tout, en ce beau jour de l’Annonciation, en ce mercredi 25 mars 2020, je suis allée faire un rapide tour de quartier et j’ai trinqué avec moi-même.
Bon anniversaire aux Béliers, particulièrement à celles et ceux du premier décan.
Ce sont les meilleur-e-s!