On aura vu de tout pendant cette période exceptionnelle de propagation du virus, de confinement, de vie quotidienne bouleversée, de drames. Les stars et autres vedettes habituées à occuper les réseaux sociaux sans qui elles n’existeraient pas, ont souvent exaspéré, parfois réconforté, et pour un très petit nombre, tenté de nous ouvrir les yeux.
Certains étalent leur compassion aux yeux de tous. D’autres sont plus discrets et pas moins actifs pour autant.
Les premiers à être généreux publiquement de leur argent ont été les footballeurs. D’autres ont suivi, davantage aux Etats-Unis qu’en France, semble-t-il. Peut-être parce que le système américain offre plus de facilités fiscales (c’est une hypothèse)….
Ce qui avait provoqué mon premier article sur les Marie-Antoinette du coronavirus, était un billet d’humeur de France Culture. Ensuite, la lamentable prestation d’une chanteuse française avait provoqué un deuxième billet et la prestation renouvelée, un autre article qui citait les commentaires irrités d’internautes qui n’ont pas envie de passer pour des jambons (en y a-t’il encore dans les rayons? Je plaisante… quoique certains jours, on ne trouvait rien du tout au rayon frais des supérettes parisiennes).

Aurais-je préféré que cette chanteuse française qui ne doit manquer de rien se montre dans son domicile réel, dans un beau salon bien décoré ou sur une terrasse joliment fleurie?
Oui, évidemment. Car le mensonge et la dissimulation sont pires que la réalité.
Quoique l’étalage de la richesse doive être manipulée avec prudence.

Le hastag (mot-clé) #guillotine2020 n’a pas été inventé par moi mais par des internautes américains, si on en croit cet article du New-York Times du 30 mars 2020 : Celebrity Culture is burning par Amanda Hess. Certaines stars américaines du cinéma et  de la chanson ont appelé à rester positifs « puisqu’on est tous dans la même galère », d’autres ont affirmé que rester à la maison était « leur superpouvoir ». Le public américain aime ses stars, surtout quand elles/ils viennent de milieux modestes et ont réalisé le « rêve américain » (avoir de l’argent, beaucoup d’argent, être célèbre, avoir une/des très belle(s) maison(s), un ou des très beaux enfants, etc).
Mais trop, c’est trop.
Quand certain(e)s se sont plaint(e)s de devoir rester confiné(e)s dans leur maison de 750 m2, entourée de plusieurs hectares soignés, d’autres (leurs fans) leur ont répondu : « Instead of fighting over groceries, maybe it’s time we actually eat the rich and post the recipes on TikTok » (au lieu de se battre pour faire des courses alimentaires, il est peut-être temps de manger les riches et de poster les recettes sur TikTok).

La "modeste" demeure de l'animatrice américaine Ellen Degeneres. Parismatch.com
La modeste demeure de l’animatrice américaine Ellen Degeneres. Parismatch.com


Quand certain(e)s, comme Pharrel Williams ont appelé leurs fans à faire des dons, ils ont reçu la réponse : Commence par vider tes poches, toi qui est multimillionnaire!
Finalement le « we hate you all » et le hastag #guillotine2020 sont apparus.
Pour une Française, de ce pays qui a inventé cette machine à éliminer à la chaîne ses « ennemis », ce hastag est le symbole d’un clivage profond entre « l’aristocratie », toujours poudrée, élégante, entourée d’amis chics et vivant dans des demeures luxueuses, aristocratie distante mais qui joue à être proche de ses admirateurs (c’est d’ailleurs pour ça qu’on les suit dans les magazines et les réseaux sociaux, parce qu’ils/elles sont « comme nous », juste un peu/beaucoup mieux) et des gens, pas nécessairement les plus pauvres ou les plus sots qui les regardent de loin. Tout d’un coup ces gens se sont sentis manipulés. Ces stars dont la réussite était célébrée, sans nécessairement être jalousée (ne l’ont-ils pas méritée?) se sont révélés égocentriques, capricieux, imbus d’eux-mêmes, persuadés d’avoir une influence sur le reste du monde.
Le Vanity Fair américain a renchéri la semaine suivante sous la plume de Kenzie Bryant qui s’attaque aux « influenceurs », majoritairement des femmes, qui gagnent (parfois très bien grâce aux sponsors) leur vie en montrant sur les réseaux sociaux leurs vêtements, leurs maisons, leur style de vie, leur famille, leur maquillage, s’exposant à des commentaires flatteurs ou violemment hostiles.
Le besoin de rêver et d’admirer survivra-t’il à l’envie de guillotiner ces têtes trop couronnées, couvertes de diamants?
Rêver est naturel et nécessaire.
C’est peut-être le bon moment pour se détourner des mirages hollywoodiens et pour chercher près de soi une vie plus agréable pour soi et les autres. Suivre la tendance de la décroissance, du « fabriqué en France » cher à Arnaud Montebourg. Remettre un peu de sens en devenant bénévole pour une action de quartier.

En France, Vincent Lindon, connu pour ses engagements vigoureux, a publié un long manifeste sur Mediapart (en video). Comme l’écrit le site : « L’homme qui, probablement comme peu d’acteurs avant lui, a su incarner les voix indignées et les corps fourbus que le néolibéralisme détruit le temps d’une vie, livre ici un texte puissamment politique, au plus beau sens du terme. »
A voir, à lire, à partager.

Sur un registre plus léger, Mick Jagger, Anglais confiné en France dans son château, a fait réaliser une vidéo très amusante (on peut ajouter des sous-titres) pour l’émission de Jimmy Fallon au profit de l’association Save The Children.