Dimanche dernier, j’ai revu « Singin’ in the rain » de Gene Kelly et Stanley Donen dont je n’avais que peu de souvenirs. J’avais totalement oublié que ce film de 1952 avait comme sujet principal l’industrie du cinéma à Hollywood et le passage du muet au parlant. Ce pourrait être la vie de Gloria Swanson.
De père suédois et luthérien, son nom de famille, Svensson, a été américanisé en Swanson.
Entre 1914 et 1934, Gloria Swanson joue dans 52 films, est récompensée par deux Oscars, se marie deux fois (sur un total de six mariages), a deux filles et adopte un garçon. Ses tenues, ses coiffures, ses bijoux, souvent extravagants et voyants, utilisant des pierreries et des plumes colorées (beaucoup de photos ici), sont copiés par toutes les femmes. Mais Swanson est une femme de caractère qui

tient à son indépendance et s’essaie à la production. Dès 1927, elle rejoint United Artists et commence son activité de productrice.  En 1929, elle se lance dans l’aventure de  « Queen Kelly » d’Eric von Stroheim, film produit par Joseph Kennedy, le père du futur président des Etats-Unis. Elle a une liaison  avec Kennedy alors qu’elle était mariée à un aristocrate français, le marquis Henry de la Falaise de Coudraye, rencontré sur le tournage de « Madame Sans-Gêne ». Le film est laissé inachevé après avoir coûté des sommes folles et ne sort qu’en Europe dans une version partielle.

Gloria Swanson dans les années 1920.


Comme dans « Singin’ in the rain », l’arrivée du parlant met fin à la carrière de Gloria Swanson.
Elle ne reste pas inactive pour autant. Partie s’installer à New-York, elle crée une société de dépôts de brevets qui a servi pendant la Seconde Guerre Mondiale à faire venir aux Etats-Unis des scientifiques et inventeurs juifs contraints de quitter l’Europe. En 1948, elle a sa propre émission de télévision en direct dans laquelle elle reçoit des invités. Elle dessine des vêtements, écrit des articles, fait de la peinture et de la sculpture.


1950 est l’année de son grand retour au cinéma dans le film de Billy Wilder, « Boulevard du crépuscule » (Sunset boulevard). Le rôle de Norma Desmond, refusé par Mae West, Mary Pickfort et Pola Negri, peut être considéré comme autobiographique, à cette nuance près que Gloria Swanson avait fait bien d’autres choses que de s’accrocher à son ancienne gloire.
Après ce film, elle en fit trois autres seulement, continuant à avoir une activité débordante, émissions télévisées, peinture, sculpture, voyages, journalisme et développant un grand intérêt pour les questions d’alimentation saine. Végétarienne depuis 1928, elle suivait les principes macrobiotiques et en 1975, elle a accompagné son sixième et dernier mari, William Dufty, qui avait 17 ans de moins qu’elle, dans une tournée de promotion du livre de ce dernier « Sugar blues » (le roman noir du sucre blanc) qui s’est vendu à 1,6 million d’exemplaires et dont John Lennon faisait la publicité!
Gloria Swanson, cette femme énergique et pionnière à bien des points de vue, est morte à New-York le 4 avril 1983.