« L’inconstance a été la source de tous mes malheurs. Les inconstants cherchent à s’engager; ils veulent une prison; ils font des serments éternels ».

Qu’aurait pensé Louise de Vilmorin (1902-1969), un peu boiteuse, grande amoureuse, grande voyageuse, tout aussi grande flambeuse et auteure prolifique, de ce confinement brutal?
Sa réaction aurait sans doute été différente selon les époques, les maris et les amours.

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Une biographie récente de Geneviève Haroche-Bouzinac, Louise de Vilmorin, Une vie de bohême (Flammarion, 2019) nous parle de cette femme aux quatre frères adorés -il n’y a qu’à regarder la photo en couverture du livre pour en être convaincu, plus une soeur avec qui elle aura des relations plus distantes.
Une femme qui ne quitta jamais vraiment le château de Verrières-le-Buisson, dans la famille depuis 1815.  Cette demeure sera d’ailleurs son seul recours quand elle ne sait plus où ni chez qui loger, elle qui n’a jamais eu de maison à elle, vivant chez ses maris ou ses riches amis.

Une grande amoureuse vraiment que cette femme qui papillonne d’homme en homme, les séduisant très vite, qu’ils soient ou non libres et généralement ils ne l’étaient pas et se lassant tout aussi vite, sensible à une apparence, un mode de vie, une rêverie.
Perpétuellement à la recherche d’un Prince charmant qui aurait supporté ses incessantes demandes de déclarations d’amour.

Du prince Sadruddin Aga Khan à Jean Hugo, en passant par Gaston Gallimard ou Antoine de Saint-Exupéry, son mari américain, Henry Leigh Hunt avec qui elle eut trois filles qu’elle ne vit quasiment jamais et qu’elle ne trouva jamais bien jolies, et son mari hongrois, le comte Paul Pálffy ab Erdöd, et André Malraux, avec qui elle a passé les dernières années de sa vie, les hommes n’ont pas manqué autour d’elle qui aimait la passion des premiers moments bien plus que la vie quotidienne.
Proche de Francis Poulenc, Jean Cocteau, Pierre Seghers, Roger Nimier, Orson Welles et Coco Chanel, elle a toujours cultivé un style bien à elle : sentimental et léger pour l’écriture; classique et d’une originalité recherchée, pour son allure.
Elle ne tenait pas en place, toujours en voyage, toujours chez des amis, souvent diplomates, toujours riches.
Mais elle savait aussi s’enfermer  pour écrire livres et articles qui n’ont jamais suffi à assurer son train de vie.
Car elle vivait au-dessus de ses moyens tout en empruntant à ses amis.
Aujourd’hui elle serait certainement une star sur les réseaux sociaux, entourée d’acteurs, de metteurs en scènes, d’écrivains et d’éditeurs connus.
Elle a même son timbre-poste, émis en 2019.

leparisien.fr
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Madame de… adapté au cinéma en 1953 par Max Ophüls avec la délicieuse Danielle Darrieux, Charles Boyer et Vittorio De Sica, est son livre le plus connu.

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Inconstante, elle l’a été.
Sauf pour écrire.
Oui, à y bien réfléchir, le confinement, pourvu qu’il ne dure pas plus de quelques mois lui aurait donné l’occasion d’écrire un roman à succès.
Et de chercher, parmi ceux qui applaudissent à 20h, son nouvel amour…

Sa devise : Au secours
Son emblême : le trèfle

artsrlettres.ning.com
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Une exposition a eu lieu récemment à la Maison de Chateaubriand dans les Hauts-de-Seine.
La biographie cite de nombreux extraits de poêmes et de correspondance.