Le chocolat qui vient du Froid

Caviar, vodka, chapka et babouchka sont les mots les plus souvent associés à « Russie », pays qui n’est pas réputé pour ses « douceurs » essentiellement importées du vaste marché américain. Pourtant on y fabrique un chocolat au lait très populaire et qui n’est pas mauvais du tout : le chocolat Alenka.

Je l’ai découvert lors d’un très court séjour à Moscou en février dernier et après une visite d’un monastère aux bulbes couverts de neige et aux sols glacés. Alors que je me réchauffais dans le restaurant, j’ai eu l’oeil attiré par une charmante fillette aux grands yeux écarquillés, coiffée à la paysanne d’un foulard noué sous le menton, le tout imprimé sur un fond dont le graphisme rappelle le formica des années 1960.

La petite Alenka est la mascotte diablement efficace

en termes d’incitation à la vente d’un chocolat au lait né en URSS en1966 pendant les années Brejnev (1964-1982). Après les violences de la Seconde Guerre Mondiale et les grandes difficultés de l’après-guerre, cette période inaugura en URSS des années plus stables et relativement prospères. Pour signifier cette nouvelle ère, le Kremlin ordonna à l’usine moscovite « Octobre rouge » de créer une marque de chocolat au lait.


Les petites filles photographiées ou dessinées n’ont pas toujours été les mêmes mais le foulard noué sous le menton qui fait allusion aux saines vertus des aliments issus du travail de la terre est toujours resté bien en place.


Alenka est une marque qui a survécu à la Perestroïka et aux bouleversements de l’après-URSS. Son emballage délibérément rétro cultive ce que les Allemands de l’ancienne République démocratique appellent l’Ostalgie (la nostalgie de l’Est).

La marque a de nombreux produits dérivés : des gaufrettes, des barres chocolatées, des boules enveloppées individuellement – la vision de toutes ces petites têtes rondes vous fixant donne un peu le vertige !

Signe de son immense popularité en Russie, les nombreux détournements : Alenka en rasta ou en Poutine !

 Les pays voisins ont également pastiché la petite Alenka. En fichu rouge à pois blancs….

Ou en fichu bleu à motifs dentelle…

 

Le titre parodie évidemment le roman de John Le Carré publié en 1963 « L’espion qui venait du froid ».  Relisez Le Carré, au moins les 6 ou 7 premiers, c’est formidable!