Un film russe et un film coréen, sortis à peu près au même moment, confrontent riches et pauvres,  les « premiers de cordée »  et ceux « qui ne sont rien », comme certains disent en France.
L’un comme l’autre tournent rapidement au huis-clos malgré quelques scènes annexes.

kinopoisk.ru
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L’usine (Zavod), est un film de Youri Bykov. L’usine est vieille, mal entretenue, les ouvriers travaillent sans enthousiasme, leurs vies privées sont difficiles et ils s’appellent par leurs surnoms, le Gris, le Cosaque, Joyeux. Quand le patron (Andrey Smolyakov) arrive pour annoncer la fermeture de l’usine, le Gris (Denis Shvedov), ancien militaire et qui a perdu un oeil au combat, décide de monter un coup : kidnapper le patron contre une grosse rançon, entrainant avec lui quelques-uns de ses camarades. L’équipe privée de sécurité du patron, menée par la Brume (Vladislav Abashin), guère mieux loti dans sa vie privée, arrive en pleine nuit pour apporter l’argent, la police s’en mêle et dans la nuit pluvieuse, l’affaire tourne mal. Chacun cherche à changer de place, en vain.

image baz-art.com
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Après quelques heures de cohabitation, patron et ouvriers échangent des propos sur l’injustice de la société, le fait que rien ne changera jamais. En somme, les premiers de cordée ne veulent pas entrainer les derniers vers le haut, ils veulent juste rester en haut et ne pas dégringoler.
Film sombre, avec des scènes prenantes, dignes d’un très bon film policier et  d’un bon film social.
Dasola a aimé.

Parasite du coréen (du Sud) Bong Joon-ho déroule son action dans un tout autre milieu.

Une famille de petits escrocs vit d’expédients dans son sous-sol régulièrement inondé sans pour autant se laisser abattre. Le père, Ki-taek (Song Kang-ho) et la mère Chung-sook (Jang Hye-jin), comme leurs deux enfants, leur fils  Ki-woo (Choi Woo-sik) et leur fille Ki-jung (Park So-dam), cherchent inlassablement comment améliorer le quotidien. Le jour où un ami du fils,  lui propose de le remplacer comme professeur particulier d’anglais dans une riche famille est un jour béni pour cette famille qui va s’incruster par tous les moyens chez ce couple naïf, parents d’une adolescente et d’un jeune garçon. La fille se fait passer pour une art-thérapeute, le père prend la place du chauffeur et la mère celle de la gouvernante qu’ils chassent sans scrupules.
Pourtant ils doivent rentrer chez eux le soir, dans leur logement humide et mal ventilé.

image courrierinternational.com
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Les pauvres ne sentent pas la même chose que les riches, on le découvre dans le film. Ils ont même une odeur distincte que remarque très vite le patron sur son nouveau chauffeur sans pour autant imaginer d’où vient cette odeur. Comment imaginer qu’on puisse vivre dans un sous-sol vétuste et régulièrement noyé par les pluies torrentielles? Comment penser que le costume de son chauffeur est imprégné de l’odeur de la nourriture bon marché? Comment imaginer enfin que ces gens ne sont pas ce qu’ils prétendent être? L’ancienne gouvernante démasque la supercherie et la famille Ki-taek va tout faire pour garder les emplois (mal) acquis.
Comme dans The Host, sorti en 2006, Bong Joon-ho enchaine les situations étonnantes jusqu’à un retournement tout à fait inattendu. Ses acteurs sont exceptionnels. La mise en scène époustouflante. Le scénario implacable.
Les dix dernières minutes du film sont en revanche superflues.
Ce film a gagné la palme d’or au festival de Cannes en 2019.