Il ne faut pas se fier à l’affiche un tantinet lourdingue (j’ai mis l’affiche américaine qui présente le Capitole en fond, l’affiche française est la même le Capitole en moins), ni au sous-titre « que le meilleur loser gagne » (mauvais jeu de mot, haha, en anglais comme en français!).
« Moi député » (« The Campaign » en anglais) est un film de Jay Roach formidablement drôle pour peu qu’on s’intéresse un peu à la politique en général et aux modalités des campagnes électorales américaines en particulier. On y voit l’affrontement de deux candidats, dont l’un est un vieux routier de la politique (dents blanches, formules toutes faites, goût des facilités que donne le pouvoir sans envie d’en remplir les devoirs) et l’autre un néophyte (petit gros moustachu, doté d’une épouse passablement laide et obèse et de deux enfants de même gabarit, père de famille tranquille au cerveau peu développé). Au-delà du combat classique de l’innocent contre le cynique, le film déroule, en accéléré et de manière à peine caricaturale, les étapes incontournables des candidats : déjeuners avec des sponsors, meetings dans des stades vides, des usines ou des fast-food de petites villes, émissions télé, serrage de mains et bises aux bébés (cette dernière séquence tourne de manière catastrophique).

Will Ferrell, le grand à gauche, est Cam Brady, député démocrate qui se représente pour son cinquième mandat. Faute de concurrent, républicain ou autre, il pense être élu les doigts dans le nez. Mais les affreux frères Motch,

industriels super-riches et sans scrupules, décident de trouver un candidat homme de paille pour faire voter au Congrès des projets de loi leur permettant de contourner les règlements touchant les salaires des ouvriers. Ils jettent leur dévolu sur Marty Huggins (Zach Galifianakis), petit gros au caractère naïf et bon enfant, fils raté d’une puissante famille républicaine.
Pour métamorphoser ce tranquille père de famille en candidat hargneux, les Motch lui envoient un directeur de campagne, en la personne du très sexy (Mmmm, ces yeux bleus! Mmmm ce Man in Black !!) Tim Wattley, joué par Dylan McDermott.

 Wattley, chic et vêtu de noir, coache efficacement son poulain qui devient une véritable bête à concours/élections. Le film mêle habilement les différents ingrédients de la vie politique américaines : les préoccupations des Américains moyens (la famille, les armes à feu, l’obligation très protestante de se confesser en public, la religion : la scène où Marty demande à Cam de réciter le « Notre-Père » pendant un meeting est à pleurer de rire), la bêtise et l’hypocrisie des politiciens professionnels, le poids des lobbys industriels dans les élections, le rôle que doit impérativement jouer l’épouse d’un candidat à ses côtés, les clips vidéos qui permettent aux candidats de s’insulter par écrans interposés (le film en montre quelques très bons exemples) et l’importance qu’a un bon directeur de campagne car rien n’est improvisé, même les bons mots.

Les obsessions sexuelles de Cam Brady pourraient passer pour un clin d’oeil aux affaires qu’a dû affronter Bill Clinton. Le film penche nettement pour les Républicains, présentés comme plus honnêtes, meilleurs pères et meilleurs époux et, bien que pas très futés, remplis d’un gros bon sens qui leur permettra de « donner un coup de balai à Washington ».
Les acteurs (beaucoup viennent de la télévision) sont parfaits. On a pu voir Zach Galifianakis dans « Very Bad Trip » ou « Date limite ». Et Dan Akroyd, un des frères Motch, a été l’inoubliable Elmott du duo des « Blues Brothers ».

A voir pour éponger dans les rires (dans la salle où j’étais, beaucoup d’hommes, peu de femmes et pas grand monde ne riait alors que j’étais pliée en deux. Le contexte est peut-être trop américain.) le choc de la rentrée….

Publié sur So Busy Girls