Il fait enfin beau un peu partout… Vous devez avoir le soleil vous aussi même si ce n’est pas au bord de l’eau. Et le soleil est un aphrodisiaque. Non! Ce blog ne se transforme pas en agence de rencontres et ici aucun éphèbe, quel que soit son âge ou le vôtre, n’attend vos mails énamourés. Mais il faut bien

rêver et l’été est propice aux rêveries érotiques et à la lecture de poèmes sensuels.

Le vent qui roule un cœur sur le pavé des cours,
Un ange qui sanglote accroché dans un arbre,
La colonne d’azur qu’entortille le marbre
Font ouvrir dans ma nuit des portes de secours.
[…]
Ton visage est sévère : il est d’un pâtre grec.
Il reste frémissant au creux de mes mains closes.
Ta bouche est d’une morte où tes yeux sont des roses
Et ton nez d’un archange est peut-être le bec.
[…]
Mon Amour, mon Amour, voleras-tu les clés
Qui m’ouvriront le ciel où tremble la mature
D’où tu sèmes, royal, les blancs enchantements,
Qui neigent sur mon page, en ma prison muette.
[…]
Rêvons ensemble, Amour, à quelque dur amant
Grand comme l’Univers mais le corps taché d’ombres.
Il nous bouclera nus dans ces auberges sombres,
Entre ses cuisses d’or, sur son ventre fumant.
[…]
Cette apparition vient du ciel redoutable
Des crimes de l’amour. Enfant des profondeurs
Il naîtra de son corps d’étonnantes splendeurs,
Du foutre parfumé de sa queue adorable.
 
Rocher de granit sur le tapis de laine,
Une main sur sa hanche, écoute-le marcher.
Marche vers le soleil de son corps sans péché,
Et t’allonge tranquille au bord de sa fontaine.
 
Jean Genet (1910-1986). Le condamné à mort, 1942. Gallimard, 1999.
Après Hélène Martin, Etienne Daho en a fait une adaptation avec Jeanne Moreau (extrait ci-dessous).