Louise Brooks, actrice américaine, est morte le 8 août 1985 à 78 ans.

 Venant du Kansas, où elle avait passé une enfance (« Maman consacrait son énergie à des tâches créatrices plutôt qu’à discipliner ses enfants ») et une adolescence assez peu conventionnelle, « d’où mon inaptitude, plus tard, à me soumettre à l’esclavage des usines de films de Hollywood« *,  elle arriva à New-York en 1922 pour suivre des cours de danse.
Sa carrière au cinéma fut très courte puisqu’elle commença en 1925 et s’arrêta en 1938. En 1928 l’arrivée du cinéma parlant a amené les compagnies à tourner de nouveau les films mais en imposant aux acteurs une baisse de salaire. Le refus de Louise Brooks d’accepter cette baisse la priva de contrats. En 1929, les deux films

de Pabst, tournés à Berlin, Die Büchse der Pandora (Loulou) et Das Tagebuch einer Verlorenen (Le journal d’une fille perdue) sont ceux qui lui assureront d’être redécouverte des années plus tard et adorée par les cinéphiles.  » A Hollywood, j’étais une jolie écervelée dont le charme, aux yeux du « service production » était inversement proportionnel à l’accroissement de son courrier de fans. A Berlin, dès que j’eus posé le pied sur le quai de la gare où m’attendait Pabst, je devins une actrice« . * Hollywood ne lui réussissait pas.  A la fin du tournage du  » Journal d’une fille perdue », Pabst lui reprocha de passer tout son temps libre avec de riches Américains qui l’empêchaient de travailler sérieusement et qui la laisseraient tomber dès qu’ils se seraient lassés. « Votre vie est exactement comme celle de Loulou et vous finirez de la même façon« , lui dit-il.
En 1940, elle retourna à Wichita chez son père, pensant guérir « automatiquement avec l’éloignement de cette maladie pestilentille plaisamment surnommée là-bas l »hollywoodite« * mais n’est pas très bien accueillie par ses anciens voisins. De retour à New-York en 1943,  elle vécut ensuite d’expédients, menant une vie de « courtisane » arrosée d’alcool et de pilules. « Je m’aperçus que la seule carrière rémunératrice à laquelle pouvait prétendre une actrice ratée de trente-six ans était celle de la galanterie. Alors j’ai fait une croix sur mon passé, refusé de voir les quelques amis de cinéma qui me restaient et me suis mise à flirter avec des mirages engendrés par des petits flacons de somnifères jaunes« . *

En raison de sa liberté de ton, sa vie sexuelle a fait l’objet de nombreuses spéculations. Elle-même a reconnu avoir passé une nuit avec Greta Garbo, indépendante et solitaire comme elle.  » En tant que solitaire, je considère comme mes deux droits les plus précieux, celui qui me permet de choisir mes périodes de solitude et celui qui me permet de choisir les gens dont je souhaite la compagnie en mes périodes de sociabilité. D’autre part, se sentir un instant esseulée est terrifiant pour une star : c’est la première borne sur la route de l’oubli« .*

 

* Les citations sont extraites de l’autobiographie de Louise Brooks, réellement écrite par elle, parue en français aux éditions Pygmalion en 1983 sous le titre « Louise Brooks par Louise Brooks », traduction par René Brest (titre original : « Lulu in Hollywood » 1974). Le livre ne couvre que sa courte carrière cinématographique, elle y parle de Humphrey Bogart, W.C. Fields, Greta Garbo, Pabst… De nombreuses photos de ses jeunes années, y compris à l’âge de 15 ans, restituent le charme inouï de Louise Brooks.