« Le tango Corse, c’est l’avant goût de l’oreiller »…
Il est, le saviez-vous,  le remède absolu à la mélancolie.
C’est en cherchant sur internet un autre tango que je suis tombée sur (selon l’âge que vous vous donnez, choisissez l’épithète) cette merveille, cette trouvaille, cette pépite, cette perle, cette tuerie: le tango corse chanté par Fernandel en 1963.

Je cherchais un autre tango, le tango stupéfiant de Marie Dubas dont les paroles écrites par Francis Carco au début des années 1930 valent bien Boris Vian… Jugez par vous-même.

Après trois semaines entières/De bonheur que rien n’altérait/Mon amant dont j’étais si fière/Un triste matin me plaquait

Pour calmer mon âme chagrine/Je résolus en un sursaut/De me piquer à la morphine/Ou de priser de la coco
Mais ça coûte cher tous ces machins
Alors pour fuir mon noir destin/J’ai fumé de l’eucalyptus/Et je m’en vais à la dérive/Fumant comme une locomotive
Avec aux lèvres un rictus/J’ai fumé de l’eucalyptus
Dès lors,mon âme torturée/Ne connut plus que d’affreux jours/La rue du désir fut barrée/Par les gravats de notre amour
J’aurais pu d’une main câline/Couper le traître en petits morceaux/Le recoller à la sécotine/Pour le redécouper aussitôt
Mais je l’aimais tant l’animal/Alors pour pas lui faire de mal/J’ai prisé d’la naphtaline
Les cheveux hagards,l’œil hérissé/Je me suis mise à me fourrer/Des boules entières dans les narines
J’ai prisé d’la naphtaline
Qu’ai-je fait là,Jésus Marie/C’est stupéfiant comme résultat/Au lieu de m’alléger la vie/Je me suis alourdi l’estomac
J’ai dû prendre du charbon Belloc/ça m’a fait la langue toute noireQue faire alors pauvre loque/Essayer d’un autre exutoire?
Car le pire c’est que j’ai pris le pli/Et c’est tant pis quand le pli est pris
Je me pique à l’eau de Javel/Pour oublier celui que j’aime/Je prends ma seringue/Et j’en bois même
Alors il me pousse des ailes/Je me pique à l’eau de Javel

Anaïs en a fait une version qui lui va bien.