En marge de la tragédie des assassinats à Charlie Hebdo et au supermarché casher de la porte de Vincennes, en plus des nombreux manquements à la minute de silence et aux moments de recueillements, sans parler de tout ce qui se déverse sur la Toile, une personne a attiré l’attention des média.
Jeannette Bougrab, 41 ans,  a hurlé dans de nombreux media (radios, télévisions, presse écrite, facebook), y compris à l’étranger (la chaîne américaine MNSBC) sa douleur face à la mort de Charb, Stéphane Charbonnier, directeur de Charlie, qu’elle a présenté comme son « compagnon », se présentant elle-même comme une femme qui a perdu son homme assas­siné par des barbares. ». Ajoutant sur TF1, « j’aimerais être à sa place pour lui donner ma vie et qu’il continue. »

photo tirée du site d’Europe 1

Peu de temps après, la famille du dessinateur assassiné démentait, par communiqué de presse, toute relation entre ces deux personnes et enjoignait à J. Bougrab de se taire une bonne fois pour toutes. « Nous démen­tons formel­le­ment l’en­ga­ge­ment rela­tion­nel de Charb avec Jean­nette Bougrab. La famille ne veut plus que Jean­nette Bougrab s’ex­prime au sujet de Charb dans les médias, de quelque manière que ce soit ».
Cette déclaration n’a évidemment rien calmé du tout. Jeannette Bougrab a sorti des photos, des sms, des videos, tout un arsenal destiné à prouver la véracité de ses dires, ajoutant que leur histoire, entre une ex-secrétaire d’Etat sarkozyste et un des symboles de la presse « gauchiste » n’était pas bien vue de la famille du second et ne pouvait de toutes façons pas être rendue publique en raison des menaces pesant sur le journal.
Quoiqu’il en soit,

quand on regarde une relation amoureuse de l’extérieur, qu’on soit un(e) ami(e), une mère, un(e) collègue, il n’est pas toujours possible de décréter avec certitude : Oui, ces deux-là s’aiment. Oui, ils s’aiment autant l’un que l’autre. Non, il n’y a pas de faux-semblant.

Nous connaissons pourtant ces « couples » qui semblent mieux fonctionnner dans le regard des autres que dans leur intimité propre, ces femmes et ces hommes qui ont tellement besoin de croire à l’amour de l’autre qu’ils/elles en sont finalement convaincu(e)s, ces images qui ne disent que ce qu’on veut leur faire dire.
Que l’histoire d’amour de Jeannette Bougrab et de Stéphane Charbonnier ait été ce qu’elle en dit, je n’en sais rien. Peu importent les preuves.

Ce que j’ai ressenti, quand je lisais ses propos, quand je la voyais témoigner,  c’est une peine, une peine immense pour une femme qui veut désespérément prouver, se prouver à elle-même comme au monde entier, qu’elle a connu une grande passion, qu’elle a aimé et été aimée, qu’elle a finalement trouvé ce qui leur manquait encore, l’amour d’un homme. 
Derrière ses déclarations emportées, sanglotantes, on voit la solitude affective dans laquelle elle a dû souvent vivre, tout autant qu’une hargne à revendiquer sa place. « Hypersensible et rancunière », comme l’écrivait Luc Le Vaillant il y a un an dans Libération, dans un de ces beaux portraits dont il a le secret. Dotée de « l’ambition des affectives, l’emballement des esseulées, le vacillement des désamarrées ».

Ne pleure pas JeannetteIl ne faut pas connaitre la triste fin de la comptine populaire.

Ne pleure pas, Jeannette,/Nous te marierons/Avec le fils d’un prince/Ou celui d’un baron.
Je ne veux pas d’un prince,/Encor’ moins d’un baron./Je veux mon ami Pierre,/Celui qu’est en prison.
Tu n’auras pas ton Pierre,/Nous le pendouillerons./Si vous pendouillez Pierre,/Pendouillez moi avec.
Et l’on pendouilla Pierre,/Et sa Jeannette avec./En route, amis, en route,/Nous les dépendouill’rons.