Les espions de l’après-Guerre Froide (romans d’Olen Steinhauer)
La Guerre froide, « Paix impossible, guerre improbable » a duré environ 45 ans (de 1945 à 1990) et s’est terminée -en apparence du moins-, avec l’effondrement du bloc soviétique. Un des romanciers les plus emblématiques de cette période a été l’Anglais John Le Carré (de son vrai nom David John Moore Cornwell). George Smiley, espion d’apparence insignifiante, apparaît dans la plupart des romans de l’auteur qu’il faut lire ou relire à partir du premier (« L’appel du mort », Call for the Dead, paru en 1961) pour mieux goûter son évolution psychologique.
On est loin de James Bond et de ses actions clinquantes et proche de romans comme ceux de P.D.James ou Elizabeth George qui, bien qu’Américaine, situe la plupart de ses romans en Angleterre.
Les histoires d’espions sont-elles encore de mise depuis la fin de la Guerre froide ? On pourrait le croire
à feuilleter les thrillers plus sanglants les uns que les autres qui mettent en scène des tueurs en série et des psychopathes en tout genre…
Pourtant, dans la droite ligne de Le Carré, Olen Steinhauer a écrit une trilogie passionnante. Milo Weaver est un « Touriste » pour les plus secrets des services secrets américains. Milo, espion sans couverture officielle, intelligent, tueur professionnel désabusé mais pris dans un engrenage professionnel dont il ne peut s’échapper, croise au fil des trois livres les services de renseignements allemands dirigés par Erika Schwartz, grosse dame alcoolique et solitaire, les « bureaux » des pays de l’Est, les officines chinoises… Comme James Bond, il est super-entrainé et travaille plutôt seul ou avec quelques Touristes comme lui. Mais comme Smiley, il a de l’empathie pour les personnes qu’il rencontre et souffre d’une certaine lassitude due à la solitude engendrée par ce métier qui met en péril son mariage.
Les rebondissements ne manquent pas et il est difficile de lâcher les livres tant qu’on ne les a pas finis.
Bien que j’aie aimé lire la trilogie « Jason Bourne » de Robert Ludlum, La Mémoire dans la peau, La Mort dans la peau, La Vengeance dans la peau, les invraisemblances narratives, les personnages trop simplistes étaient parfois irritants. Rien de tel avec Steinhauer qui maîtrise parfaitement ses personnages et leurs actions.
On rêverait presque -presque car le prix à payer est très lourd- de devenir Touriste à son tour. Quel meilleur compliment ?
Olen Steinhauer est Américain, il vit actuellement à Budapest (Hongrie). Il a un site officiel.
La trilogie Weaver : Le Touriste (The Tourist, 2009), L’Issue (The Nearest Exit, 2010), L’Etau (An American Spy, 2012) aux éditions Liana Levi et Pocket, est précédée de 5 romans, The Yalta Boulevard Sequence, dont l’action se situe dans un pays d’Europe de l’Est pendant la période de la Guerre froide, un par décennie.
George Clooney a acheté les droits pour sa société de production mais il me paraît un peu vieux pour le rôle, Weaver ayant 40 ans. Jude Law serait parfait dans le rôle ! Who else -comme dirait George ? Même si vous n’avez pas lu les livres, vous pouvez donner votre avis !
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7 Comments
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Là, tu viens de me mettre l’eau à la bouche alors que je suis en quête de lecture qui me captive un peu plus que d’ordinaire ! Voilà le genre de bouquin qui me plait bien et si souvent, poliment, dans les commentaires littéraires, j’écris « oui, pourquoi pas, à retenir, etc… » cette trilogie et son auteur viennent d’être couchés au stylo bic sur un post-it à côté de moi ! Bonne journée
Je lis un peu de tout mais je ne donne pas trop dans les best-sellers faciles à lire, bien que ça m’arrive par curiosité. Ces trois romans sont vraiment passionnants. Tu ne devrais pas regretter de plonger dedans! Bon vendredi.
Un successeur de Le Carré, un peu de James Bond quand même (Erika = avatar de M Judi Dench?), beaucoup de Jason Bourne… Pourquoi préférons-nous voir au cinéma ce genre de thriller et réserver pour la lecture des polars d’envergure plus locale, genre E.George justement ? That’s the question 🙂
Entre lire les romans de John Le Carré et se contenter des films qui en sont tirés, il y a un abîme. Je pense que Steinhauer mérite d’être lu si on aime le genre, bien sûr! C’est passionnant et subtil à la fois.
Elizabeth George donne dans l’intrigue policière « locale » en effet, c’est un tout autre genre.
L’un n’empêche pas l’autre, si?
Attention, n’enterrons pas John Le carré trop vite : bien que n’étant plus tout jeune, il nous gâte encore avec une production quasi annuelle de bonne qualité. Ce qui est intéressant c ‘est qu’il a survécu à la guerre froide et propose des thèmes contemporains conséquence de ces belles années avec des personnages torturés aux caractères très approfondis. Le prochain d’ailleurs est dans les kiosques depuis peu.
A ne surtout pas comparer avec les Jason Bourne qui sont certes plaisants mais tout juste de la littérature de hall de gare, selon moi.
Je n’enterre personne mais je préférais l’époque « Smiley » de John le Carré! Evidemment la série de « la mémoire dans la peau »/Jason Bourne de Ludlum ne lui arrive pas à la cheville. Steinhauer est beaucoup plus proche de Le Carré que de Ludlum. Si on aime Le Carré, il faut lire Steinhauer.
Je ne connais pas mais ton article donne envie !