Mo Hayder n’est pas un auteur policier comme les autres. Si vous avez lu Tokyo (2004) ou Pig Island (2006), vous savez ce que je veux dire. Hayder a l’habitude de mettre en scène des histoires dérangeantes mises en œuvre par des personnages en proie à des troubles mentaux et à des fantasmes violents.
Fétiches (Poppet en anglais) n’échappe pas à la règle. L’essentiel de l’action se passe dans un hôpital psychiatrique très sécurisé, Beechway, dans la région de Bristol au Royaume-Uni qui semble être la proie d’un fantôme malfaisant, « la Maude », une infirmière naine décédée au 19e siècle et qui s’asseyait sur la poitrine des malades pour les étouffer. Mais ce n’est pas un roman fantastique et des investigations sont lancées pour trouver qui terrorise les personnes internées et pourrait être à l’origine de deux morts.


Différentes intrigues se croisent. Jack Caffery, le commissaire, bel homme solitaire déjà vu dans d’autres romans, essaie

de retrouver le cadavre d’une jeune femme disparue depuis plus d’un an, Mitsy Kitson. AJ LeGrande, infirmier devenu coordinateur en chef de Beechway, se trouve confronté aux rumeurs de fantômes et à d’étranges mutilations. AJ vit avec sa tante Patience et son chien Stewart. AJ n’est pas son vrai prénom, c’est le surnom qu’on lui a donné et qui veut dire « Average Joe » (le type moyen).

Du côté des femmes, la directrice de Beechway, Melanie Arrow est une jolie blonde, plutôt distante et soucieuse des règlements. Flea Marley, sergent dans la brigade de recherche et plongeuse professionnelle, cache de plus en plus difficilement un secret pesant que Caffery voudrait bien lui faire avouer.
Vit également à proximité Penny, une charmante hippie qui fait des confitures. Elle doit enterrer sa fidèle chienne Suki avant de se retrouver elle aussi face à un passé dérangeant. Comme elle le dit à Caffery, « les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être ».
Le pivôt de l’intrigue est Isaac Handel, « petit malade maigrichon avec une coupe au bol » âgé de 25 ans qui confectionne sans cesse des poupées ressemblant à tous ceux qui lui ont fait un jour ou l’autre du mal. A commencer par ses parents qu’il a sauvagement assassinés une douzaine d’années plus tôt. La sortie d’Isaac, autorisée par la directrice, va libérer tous les fantômes du passé et ses poupées crasseuses et puantes font partie de la solution…

C’est un roman passionnant, peut-être un peu trop haché puisqu’il suit plusieurs personnages en parallèle mais qui se lit d’une traite. Il a quelques points communs avec Shutter Island (2003) de Dennis Lehane que j’avais lu en anglais et adoré à l’époque de sa sortie.

Presses de la Cité, 2013, traduit par Jacques Martinache