UGC ressort des films pour l’été. L’occasion d’aller voir deux monstres sacrés du cinéma : Al Pacino (80 ans aujourd’hui) et Daniel Day-Lewis (63 ans) dans deux films que je n’avais pas été voir à leur sortie.

amazon.fr
amazon.fr

L’Impasse (Carlito’s Way), adapté de deux romans de Edwin Torres a été réalisé par Brian de Palma en 1993. Brian de Palma aime faire un cinéma majestueux, à l’image travaillée. L’impasse qui dure plus de deux heures n’échappe pas à la règle. Pacino, qui a alors 53 ans, a ce physique de certains acteurs américains, botoxé, lifté, à l’expression peu changeante (un peu comme Robert Downey Junior). Sorti de prison grâce à son avocat, joué par un méconnaissable et excellent Sean Penn, Carlito comprend assez vite que mener une vie rangée ne va pas être simple.

senscritique.com
senscritique.com

Il renoue avec la charmante Gail (Penelope Ann Miller) à qui il promet une retraite en bord de mer. Tout ça finira mal évidemment. D’ailleurs, le spectateur le sait dès le début du film.

lillelanuit.com
lillelanuit.com

 C’est à cause de cette critique que je suis allée découvrir ce film bien que n’ayant pas une passion ni pour le réalisateur, ni pour l’acteur,
Beaucoup d’autres critiques, comme celle-ci,  sont élogieuses. Pour ma part, je n’ai pas succombé au charme de cet « homme face au cours implacable de son destin ». C’est sans doute un film davantage calibré pour un public masculin et pour qui se voit comme un « lonesome cowboy », figure héroïque dépassée par les évènements.
Si vous tombez sur le dvd, pourquoi pas?

Autre réalisateur, autre monstre sacré. Paul Thomas Anderson fait jouer Daniel Day-Lewis dans Phantom Thread (le fil caché), sorti en 2017.
De Paul T. Anderson, j’avais adoré Magnolia (1999). Tom Cruise, 3e monstre sacré, y est magnétique.

indiewire.com
indiewire.com

Phantom Thread est une histoire de couturier, de haute couture, qui se passe à Londres dans les années 1950.

Reynolds Woodcock crée des vêtements pour des femmes riches qui gravitent dans les milieux mondains et aristocratiques. Cyril, sa soeur, (extraordinaire Lesley Manville) ne le lâche pas d’une semelle. Day-Lewis, fidèle à sa manière intense de s’emparer des personnages, campe un personnage tyrannique, égocentrique, névrosé, qui oblige son entourage à se dévouer entièrement à lui. Après une présentation de modèles, il part se reposer à la campagne et séduit une serveuse, une grande fille qui n’a pas sa langue dans sa poche (Vicky Krieps). Elle le suit chez lui où il se met à coudre une robe sur elle, sans qu’elle manifeste de surprise. On sent que cette Alma est prête à échapper à sa condition de modeste serveuse. Mais Cyril arrive et l’idylle ne commence pas encore. Woodcock amène Alma à Londres dans son hôtel particulier-atelier. Vont suivre des scènes qui ressemblent à un bras de fer constant entre les trois principaux protagonistes: le créateur, la soeur et la muse. Cette dernière veut s’imposer à Woodcock, être partie intégrante de sa vie et ne pas se laisser écraser par la personnalité autoritaire et tourmentée de son « amant ». Amants, Alma et Reynolds le sont peu. Ce n’est pas ce qui les relie, mais le goût du pouvoir et l’amour de la création.

On pense à Pierre Bergé (Cyril) et Yves Saint-Laurent, mais aussi à Laeticia (Alma) et Johnny Hallyday. La jeune fille naïve, mais profondément ambitieuse, va gagner sa place avec ténacité et non sans faire preuve, elle aussi, d’une certaine perversité, jusqu’à devenir indispensable à cet homme solitaire et toujours entouré de monde. Vicky Krieps est excellente en jeune femme au caractère bien trempé. Parfois Daniel Day-Lewis, avec ses cheveux plaqués en arrière, ses gros sourcils et son air sévère, avait des faux airs de Bernard Arnault. C’est peut-être à ça qu’on voit qu’un film est réussi : quand on s’y retrouve!
Cyril ne déborde jamais vraiment de sa place de gestionnaire et de surveillante de la bonne marche de la « maison » à laquelle elle semble totalement dévouée, sans qu’on lui soupçonne une autre vie que celle qu’elle partage avec son frère.

Lesley Manville. Image imdb
Lesley Manville. Image imdb


Quant à Reynolds, réfugié dans les souvenirs et une certaine idée de la mode, il voue un culte incessant à la mémoire de sa mère. Alma le fera peut-être évoluer vers la modernité.
Film étonnant, extrêmement soigné dans les détails. Les costumes sont magnifiques et donnent envie de se faire habiller sur mesure…
On peut se faire un avis plus poussé ici et ici.

huffpost.com
huffpost.com

Après ce film, Daniel Day-Lewis a annoncé qu’il ne jouerait plus au cinéma.
Dans ma salle ce lundi matin, beaucoup de spectacteurs et 2 spectatrices dont moi (l’autre dame avait apporté un énorme pot de fromage blanc avec des trucs dedans… La peur de l’hypoglicémie? Tout de même, on était sortis à 12h10…).  Quant à mon voisin, il avait une bouteille d’eau de chaque côté de son siège. Que ces messieurs étaient-ils venus voir? Le dernier film du grand acteur?
Pour L’impasse, très peu de monde en revanche. Al Pacino ne fait plus recette.