Allo Maman Bobo

Etre l’enfant de ses parents n’est pas plus facile que d’être le parent de ses enfants. La presse féminine et les livres de psychologie traitent souvent des relations conflictuelles des filles avec leur mère. Celles des fils avec leur mère est souvent analysée sous l’angle fusionnel : les garçons sont le chouchou de leur maman, l’enfant à qui elle passe tout, celui qui n’a jamais à débarrasser la table, faire les courses ou la vaisselle, leur « petit homme ». Mais quand ils sont négligés, quand la mère ne les regarde pas ou pas assez, le « manque » peut amener le garçon à des comportements à risques, puis le jeune homme et l’homme adulte à des revendications et des plaintes sans fin ou à des postures agressives. Tourner la page, renoncer à cet amour qu’on n’a pas eu et auquel on pense encore et toujours avoir droit, tant d’années après, qu’on réclame de toutes ses forces, n’est tout simplement pas possible. J’en ai eu des exemples très proches de moi.

La presse quotidienne et « people » s’est fait récemment l’écho des lamentations de Ludovic Bayle-Chancel, 37 ans, qui reproche à sa mère son égoïsme. Né en 1975, il est le fils de Sheila et Ringo (Guy Bayle). Ses parents se sont séparés peu après sa naissance. Aujourd’hui il veut à tout prix intéresser sa mère à sa nouvelle vie maintenant qu’il est sorti de la drogue et lui présenter sa nouvelle compagne. A sa mère, il reproche

d’avoir été peu présente et d’avoir privilégié sa carrière. C’est loin et on a un peu oublié, mais la Sheilamania a fait fureur, il y a même eu des poupées (pas très ressemblantes!) à son effigie.

Quelques années avant, il s’était épanché dans un livre qui n’avait pas contribué à plaider sa cause. Alors que Sheila vient d’avoir 66 ans et revient sur scène– son fils parle de 67 ans, officiellement elle est née en 1946. Soit il ne sait pas la date de naissance de sa mère, soit il connait sa vraie date de naissance et dans les deux cas, c’est une pierre à ajouter au contentieux ! -, Ludovic lui téléphone en août pour lui souhaiter un bon anniversaire et fait chou blanc. Logiquement il est passé au cran supérieur et il y a peu de temps, on apprenait qu’il était en garde à vue pour coups de fil malveillants à sa mère et tentative de nuire à son retour sur scène. Dans une vidéo tournée avant ces coups de fil, Sheila ne montrait guère de tendresse pour son fils unique et l’accusait de cupidité. Depuis elle a porté plainte contre lui. Un peu tard pour comprendre le message de son fils : « Si tu ne m’aimes pas, hais-moi mais au moins, regarde-moi ».

Ce pauvre garçon a trouvé comme nouvelle compagne une « Sylvie ». Oui, Sylvie ! Comme l’ancienne rivale de Sheila (la Vartan), ça ne s’invente pas ! Et il espère vraiment que sa mère va se réconcilier avec lui ? Non, non, Ludovic, trouve une Annie, Yvonne, Jeanne ou Gisèle (tous les prénoms de Sheila) et ta mère daignera peut-être te regarder de nouveau. Ou bien, pour changer, tu pourrais t’en prendre à ton père absent.

Je plaisante mais rien de tout ça n’est drôle.

Cette triste histoire m’a rappelé une autre histoire de mère et de fils, tout aussi sinistre et raconté dans le livre autobiographique publié en 2009 par Cyrille Putman, le fils d’Andrée Putman, la célèbre designer. A 15 ans, lors d’une soirée chez sa mère, des amis de ses parents lui font goûter à l’héroïne. En deux semaines, il devient accro et toxico. Que font ses parents ? Rien. Ils restent aveugles et indifférents. Sa mère qui se séparait de son père ne pense qu’à sa carrière et à sa survie financière. Son père lui donne 1000 francs par jour sans lui demander ce qu’il en fait. Comme il le raconte chez Thierry Ardisson, Cyrille Putman mesurait 1,90 m et pesait 55 kilos, n’avait pas de voiture de luxe garée dans la cour, dépensait des sommes folles mais aucun des deux ne lui a posé de questions. A la différence du fils Chancel, il parle avec un certain détachement et sans rancoeur particulière de ces années noires.