Image : laffont.fr
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Affinités (Affinity) de Sarah Waters, paru en 1999 et publié en France en 2004, et Captive (Alias Grace) de Margaret Atwood paru en France en 1998, partagent plus que la même décennie de publication et la langue anglaise – Atwood est canadienne, née en 1939, et Waters anglaise, née en 1966.
Les deux romans parlent de deux femmes, respectivement Selina Dawes et Grace Marks, d’origine très modeste, l’une et l’autre en prison au moment du récit, toutes les deux jeunes et jolies.
Le récit de Margaret Atwood est basée sur des faits réels. La personnalité de Grace Marks, 16 ans au moment de son arrestation, a fasciné nombre de personnes, dont une partie était persuadée de son innocence et une autre de sa culpabilité.
Grace Marks, venue d’Irlande en bateau avec ses parents et ses frères et soeurs, purge une peine de prison à vie dans une prison de Toronto, après avoir été accusée en 1843 de complicité dans les meurtres de Thomas Kinnear, riche fermier chez qui elle travaillait et de Nancy Montgomery, gouvernante et sans doute maîtresse de celui-ci.
Atwood lui fait raconter son histoire à un jeune médecin, Simon Jordan, entiché des nouvelles théories sur l’inconscient, et qui souhaite, par les associations d’idées, déterminer sa culpabilité: est-elle une meurtrière ou une simple complice des meurtres commis par James Mc Dermott?
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Atwood, dont la réputation d’écrivain « féministe » n’est plus à faire, restitue avec finesse et réalisme les conditions de vie bien différentes des notables et des domestiques. Sous sa plume, la personnalité de Grace, intelligente mais, à la fois très jeune, très seule et peu instruite, se révèle peu à peu.
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Affinités de Sarah Waters est un roman d’amour « classique », pourrait-on dire, qui se déroule dans les années 1870. Margaret Prior, « vieille fille » (presque 30 ans!) de bonne famille, qui vit avec sa mère depuis que sa soeur et son frère ont quitté la maison pour se marier, devient visiteuse à la  prison de Millbanks à Londres. Selina Dawes, très jolie jeune fille, y est emprisonnée à la prison pour escroquerie et violences, suite à des expériences de spiritisme qui ont mal tourné. On comprend assez vite que Margaret étouffe dans la vie étriquée que lui imposent sa mère et les conventions sociales. Les sentiments réels de Selina sont plus complexes. Sarah Waters, qui revendique pour elle-même l’étiquette d’auteure lesbienne que ses lectrices lui ont donnée, a l’art du suspense et du tragique.
L’ambiance de ces deux livres rappelle le livre passionnant de Michel Faber, « La rose pourpre et le lys », dont j’ai déjà parlé ici et qu’il faut absolument lire.