A l’école primaire on apprend que les trois couleurs primaires sont le rouge, le bleu, le jaune. Et les couleurs secondaires, obtenues en mélangeant à parts égales deux couleurs primaires, sont l’orange, le vert et le violet.

Si on creuse un peu la question, il y a d’autres classifications des couleurs où les couleurs primaires sont le rouge, le vert et le bleu, ou le cyan, le jaune et le magenta…

Par ailleurs, nous ne voyons pas toutes et tous les couleurs de la même manière mais une chose semble certaine :

le jaune n’est pas une couleur très populaire, loin de là. Il est même généralement classé bon dernier lors des sondages, derrière le bleu, le vert, le rouge, le blanc et le noir.

Dans la mode, il est considéré comme difficile à porter, qu’il soit citron, bouton d’or ou poussin. La Custard Powder qui permet de faire une crème à la vanille est d’un jaune très jaune et très anglais (où ailleurs qu’en Grande-Bretagne pourrait-on trouver des sachets de chocolat en poudre aromatisé à la menthe? De l' »After Eight » à boire en somme!), un peu suspect à nos yeux. Il n’y a peut-être que dans les tartes au citron des restaurants italiens qu’on supporte un jaune franchement jaune…

Au Moyen-Age, le jaune est la couleur du mensonge et des traitres. Associé au vert, il indique la folie et le désordre*. Les habits des bouffons, des fous et des jongleurs peuvent porter ces couleurs sur les manuscrits du Xve siècle.

A l’époque industrielle, les « jaunes » sont les briseurs de grève, ceux qui travaillent quand leurs camarades font grève.

Il y a quelques dizaines d’années, dans certaines provinces, l’adjectif « jaune » désignait, de manière péjorative, des souliers ou des tissus qu’on dirait beiges ou écrus aujourd’hui . Et pour conclure ce petit tour du jaune, dans le langage des blasons, pas de « jaune » mais de « l’or ».

Il y a pourtant un domaine où le jaune est très populaire et synoyme de victoire: le Tour de France, qui s’est achevé il y a quelques jours, sur fond habituel de scandales au dopage et d’accidents spectaculaires et dont le vainqueur d’étape se voit habillé du fameux « maillot jaune ». Créé en 1903 par Henri Desgranges, ancien clerc de notaire devenu cycliste professionnel, le Tour de France est créé avec le soutien du quotidien sportif l’Auto que dirigeait également Desgranges. L’Auto était imprimé sur du papier jaune pour le différencier de l’autre quotidien sportif, le Vélo, imprimé sur du papier vert. C’est pour cette raison, en écho à la couleur du sponsor, que les coureurs arrivés en tête auraient été dotés du maillot jaune à partir de 1919.

Au final, l’expression a fait florès et « être le maillot jaune » s’applique à bien d’autres domaines que le cyclisme.

* Michel Pastoureau. Les couleurs de nos souvenirs. Editions du Seuil. 2010. Michel Pastoureau est  archiviste-paléographe, historien et un des pionniers de l’histoire des couleurs.