Quand je vais voir mon coach sportif, on parle cinéma. The Witch, dont j’ai déjà parlé, ne lui a pas du tout plu alors que The Strangers du réalisateur  sud-coréen Na Hong-jin l’a enthousiasmé.
Ce matin, dès potron-minet, direction l’UGC du Forum des Halles pour aller voir ce long (2h36)  film qui a eu beaucoup de bonnes critiques.
Image : allocine.fr
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Tôt un jour de pluie (il pleut souvent dans ce film), le sergent Jong-Goo (Do Won Kwak, excellent dans un rôle d’homme émotif et très attaché à sa famille)  qui vit dans un petit village avec sa femme, sa fille (Kim Hwan-hee) et sa belle-mère, est réveillé chez lui et doit se rendre sur le lieu d’un meurtre. Un homme a assassiné sa femme de façon très violente et surtout très inattendue. D’autres meurtres surviennent, en même temps qu’une épidémie d’urticaire qui touche les meurtriers. Alors que les crimes se succèdent, le sergent a des rêves étranges et angoissants d’un homme nu couvert de sang et qui dévore la viande crue d’un chevreuil mort avant de tourner vers lui ses yeux rouges pour l’attaquer.
Parallèlement ses collègues et lui portent leurs soupçons sur un étranger, un Japonais taciturne (Jun Kunimura) installé dans la montagne, à l’écart du village et qui a été accusé d’un viol. Cette haine de l’étranger et du Japonais en particulier, renvoie aux contentieux historiques entre les deux pays. Le Japonais devient ainsi le bouc émissaire idéal.
La malédiction se rapproche du sergent dont la petite fille a un comportement injurieux et agressif. La belle-mère décide de faire appel à un chaman (Hwang Jeong-min) pendant que le sergent et ses collègues, assisté du neveu diacre de l’un d’entre eux, vont fouiller la maison du Japonais en son absence et y trouvent des choses très étranges et dérangeantes.
Image : hollywoodreporter.com
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Le rythme du film, plutôt lent au début et scandé par des plans superbes des montagnes, s’accélère avec l’arrivée du chaman qui entame énergiquement un exorcisme rituel. Mais rien n’y fait et le sort ne peut être levé.
The Strangers est un film déconcertant pour un Occidental :
il offre un humour réel dans la première partie, suivi d’une mise en scène des superstitions et de la sorcellerie mélant dans un syncrétisme curieux les croyances locales et le catholicisme, le tout ensanglanté par les divers rebondissements.
Chacun voit les esprits auxquels sa religion le porte à croire, pourrait-on dire, ce que le final confirme de manière inattendue.
Contrairement à ce que pense mon coach, je ne vois pas en quoi The Strangers serait plus crédible que The Witch. L’un et l’autre films traitent du même sujet : des sorciers qui vivent dans la forêt et s’attaquent aux habitants les plus proches, eux-même victimes de leurs superstitions et de leurs croyances, comme d’aliments toxiques créant des hallucinations. Sorciers vus soit comme l’étranger, soit comme la jeune fille, dangereuse par sa séduction naissante.
Dans les deux films, on retrouve également le bouc, symbole du diable.
Dasola a bien aimé.
Cela étant, à titre personnel, je crois à la force des esprits (pour paraphraser un de nos anciens présidents) et depuis les écrits de l’ethnologue Jeanne Favret-Saada, dont l’extraordinaire « Les mots, la mort, les sorts », paru en 1977, qui traitait de la sorcellerie dans la bocage, on sait qu’il faut être deux pour un sort, l’ensorceleur et l’ensorcelé, auquel peut s’ajouter le désensorceleur.
Image : chapitre.com
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« 21 ans chez les Papous » de André Dupeyrat, père missionnaire catholique, paru en 1952, raconte également des cas troublants de possession démoniaque dans un milieu bien différent.
Image : priceminister.com
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Si tous ces mystères vous intéressent, vous avez de quoi voir et de quoi lire!