Drive My Car de Ryūsuke Hamaguchi  a eu le prix du scénario à Cannes cette année.
C’est un long (3 heures!) film. Habituellement, je n’ai pas le courage d’affronter une durée pareille.
Dersou Ouzala de Akira Kurosawa passait à la fin des années 1970 dans un cinéma rue de Rennes avec un entracte…  Brazil de Terry Gilliam m’a toujours paru trop long et pourtant j’adore ce film. Les Damnés de Visconti est interminable.
Drive my car est encore plus long. Ne pas se laisser effrayer.
A partir d’un scénario de Haruki Murakami, auteur  dont je recommande vivement la lecture, Hamaguchi a réalisé un film sur le long chemin du deuil, la perte d’un amour conjugal et d’une mère haïe, la culpabilité de ne pas avoir pu empêcher ces deuils autant que sur la vie qui se poursuit.
Yūsuke Kafuku (Hidetoshi Nishijima) est un comédien et metteur en scène qu’une production d’Hiroshima oblige à prendre un chauffeur, qui s’avère être une jeune fille, Misaki Watari (Tōko Miura).
Le premier accepte à contrecoeur que la seconde conduise sa Saab rouge à laquelle il tient. L’un comme l’autre sortent à peine d’épreuves qui ont marqué leur vie personnelle et émotionnelle. Le fil conducteur du film est la pièce d’Anton Tchekov, Oncle Vania (1897). Les dialogues et rebondissements très slaves de la pièce collent aux remous affectifs de Kafuku.
A vrai dire, j’étais allée voir ce film pensant voir des paysages. Les prises de vue extérieures ne sont pas très nombreuses. Et l’arrivée de la mise en scène de la pièce, des répétitions, m’ont fait craindre un long ennui.
Mais le film est moins contemplatif que je craignais. Et le réalisateur a su ménager des rebondissements tout en installant patiemment la psychologie des personnages, principaux comme secondaires, qui, comme ceux de la pièce, se débattent dans des émotions violentes qu’ils peinent à extérioriser de la bonne manière.
Là où un film américain aurait débouché sur une histoire d’amour entre ces deux êtres au coeur blessé, on reste dans une retenue pudique à la fois plus vraisemblable et plus apaisante pour le spectateur.
Première séance du samedi matin, salle presque pleine (compte tenu du contexte).
Dans le genre « chauffeur », on peut voir ou revoir :
Le stupéfiant Drive (2011) de Nicolas Winding Refn, adapté lui aussi d’un roman, avec l’inoubliable Ryan Gosling et son blouson blanc crème satiné de catcheur avec un scorpion doré brodé dans le dos, cultissime. Blouson qui n’a pas été acheté dans le commerce, mais fait spécialement pour le film grâce à la talentueuse costumière, Erin Benach. La renommée d’un film tient parfois à la manière dont le héros est habillé, ou l’héroïne (je pense à Madonna dans Recherche Suzanne désespérément).

fjackets.com
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Le beau Green Book (2018) de Peter Farrelly avec Viggo Mortensen, à contre-emploi dans le rôle du chauffeur blanc d’un pianiste noir (Mahershala Ali) en tournée dans le Sud des Etats-Unis encore en pleine ségrégation au début des années 1960.

rts.ch
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Old de M. Night Shyamalan est un film fantastique.
Adapté d’un roman graphique, Château de sable (2010), écrit par Pierre Oscar Lévy et illustré par Frederik Peeters, que Shyamalan aurait reçu en cadeau pour la fête des père.
Un couple, jeune encore, et leurs deux enfants, arrivent dans un superbe hôtel qui fait partie de ce qu’on appelle « une destination paradisiaque », quelque part dans les Tropiques : un accueil VIP, des chambres superbes, des forêts, des falaises,  la mer… Quand le patron leur propose de découvrir, de manière confidentielle, une plage privée exceptionnelle, ils ne peuvent évidemment pas résister. Dans le minibus qui les emmène, ils ne sont pas tous seuls. Sur place, quelques touristes sont déjà là.
Très vite, tout va mal. Des décès, une impossibilité physique de quitter cette plage et un vieillissement accéléré des personnes présentes. Tous ne réagissent pas de la même façon à ces imprévus terribles.
L’idée est intéressante. Le semblant d’explication de la deuxième partie et le dénouement sont loin d’être convaincants et gâche l’histoire. Le film aurait dû se finir plus tôt ou autrement.
Tout le film se passera entre l’hôtel et cette plage.
Le film a été tourné en République dominicaine, à Playa El Valle, plage effectivement encadrée par des montagnes.

Pour mémoire : Le Transperceneige est une BD (1982-83, 1999-2000) française de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, adaptée au cinéma (Snowpiercer) par le Coréen Bong Joon-ho. Vive la France!

J’ai aussi vu Black Widow, essentiellement parce qu’il est réalisé par une femme, Cate Shortland. Les réalisatrices sont rares dans cet univers de super-héros.
On peut s’en passer. Même s’il y a Florence Pugh que j’avais bien aimé dans l’étrange et terrifiant Midsommar. Scarlett Johannson excelle dans les films d’auteur, comme Under The Skin ou Don Jon, étonnant film de Joseph Gordon-Levitt ou encore Lost in Transition, mais n’est pas du tout intéressante dans les films à très gros budget.