Savoir qu’on va être enfermé chez soi, déclenche nécessairement des mouvements de panique et la tentation de stocker.
Stocker oui. Mais quoi?
On le sait maintenant : les Français ont stocké majoritairement des pâtes, de l’huile, de la farine et du sucre.
Je l’ai constaté dans mes supérettes : pas de pâtes ou presque pas pendant deux semaines environ.
En revanche, lentilles, flageolets, haricots rouges en boîte : des piles entières. Tomates en boite, ail et oignons ne manquaient pas non plus.

regal.fr
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Idem au rayon des surgelés : les haricots verts ont disparu mais il restait des brocolis et des choux de Bruxelles.
Ca nous dit quoi?
Que les Français ne savent plus que faire des légumes secs, ni comment les manger – ou alors dans ces restaurants pour les néo-bobos qui recherchent les « bons petits plats de leurs grand-mères » (qui, très probablement, ne leur ont jamais cuisiné des petits salés aux lentilles ou des cassoulets). Pizzas surgelées et  burgers-frites, nouilles au beurre et gruyère, sont devenus les nouveaux « bons petits plats de Maman ».
Que ces mêmes Français identifient les haricots verts comme les légumes qu’on reconnait et qu’on sait manger, et à la rigueur qu’on aime, les autres étant relégués au rang des choses que personne n’aime, ni les enfants, ni les adultes – à part sans doute les néo-végétariens très fiers de cuisiner des légumes dits anciens, au prix d’achat souvent élevé et que, de fait, personne ne sait vraiment cuisiner.
Pourtant, il y a bien des manières de les accommoder ces légumes secs, crucifères et autres légumes à feuilles.

chefsimon.com
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Dans mon enfance, je triais les lentilles avec ma mère (il y avait encore des cailloux), on faisait tremper les haricots blancs filetés de rouge que j’adorais, je mangeais des gratins de blettes et des gratins dauphinois, du chou-fleur tiède avec un peu de vinaigre, des flageolets, rien de tout ça ne sortant de boites de conserve.

Pour ma part, j’ai profité de mon temps libre supplémentaire en cuisinant un gratin dauphinois, un gâteau aux pommes, dit « gâteau allemand » (clin d’oeil aux Matching Points) mais qui pourrait se faire avec des fruits en boite, genre ananas ou poires, des crêpes et une quiche aux brocolis, chèvre et saumon. Si quelqu’un veut la recette, qu’on me contacte!
Alors le « gâteau allemand » : il vient d’un livre « les hommes ont faim », chez Hachette Cuisine. L’auteure est américaine, les recettes ont été traduites avec les mesures à la française.
Des pommes (ou des poires, de l’ananas, des abricots, peut-être même des prunes). De 4 à 7 pommes (j’aime bien augmenter le nombre de fruits, ça rend le gâteau plus moelleux).
130 g farine, 1 sachet de levure, 120g beurre (doux ou 1/2 sel selon les goûts) ramolli, 260g sucre (on peut en mettre moins), 2 gros oeufs (3 oeufs), 1 sachet de vanille, un peu de cannelle si on aime (je n’aime pas) et un peu de rhum si on aime (j’aime!).
On mélange tous les ingrédients, sauf les pommes, en réservant 60gr de sucre.
Le four a été mis à préchauffer à 180 degrés.
On met la pâte dans un moule rond (ou carré ou rectangulaire, mais pas un moule à cake. Moule à manqué, à brownie) beurré.
On va enrober les morceaux de pommes dans le sucre mis de côté (auquel on a pu rajouter de la cannelle).
On pose ces morceaux de fruits sur la pâte qui est déjà dans le moule en appuyant un peu.
Cuisson environ 35 mns.
Ca se garde bien mais à cause des fruits, je l’ai mis au frigo le lendemain.

 

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gratin dauphinois

Et puisqu’on parle de nourriture, j’ai fait quelques courses pour un des sdf de mon quartier.
Un peu de déception chez le récipiendaire  : une seule bière? Je m’y attendais mais tout de même elle était fraîche après un passage au frigo… Et il n’a pas voulu les biscuits.
Pourquoi faire des courses?
J’en ai un peu assez d’applaudir à 20h à ma fenêtre sans rien faire d’autre.
C’est bien d’applaudir mais, de la fenêtre de mon quartier plutôt bourgeois, j’ai l’impression que c’est aussi une bonne conscience achetée sans grand effort.
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