Un des grandes expositions de cet été et de cette rentrée est sans conteste l’exposition Roy Lichtenstein au Centre Georges Pompidou. Elle se termine le 4 novembre et c’est une de ces expositions qu’il ne faut pas rater.
Roy Lichtenstein est un peintre qu’on croit connaitre, -de même qu’on croit connaître Edward Hopper. Et de même que la rétrospective Hopper au Grand-Palais permettait de découvrir la riche palette colorée d’un artiste qu’on ne saurait réduire au tableau de personnages solitaires accoudés à un bar, de même Lichtenstein ne se limite pas à ses peintures inspirées des bandes dessinées sentimentales éditées dans les années 1960  par DC Comics dans les séries « Girls’ Romances »

ou « Secret Hearts ».


J’ai toujours été fan

de ce genre de dessins. Quand j’étais petite, ma mère m’emmenait en vacances à Pâques aux Sables d’Olonne. Elle louait l’étage d’une petite maison près de la plage mais très loin du centre ville. Au bout de la rue, il y avait une église et une petite bibliothèque paroissiale. Dans les rayonnages, se trouvaient quelques BD sentimentales, certainement traduites de l’américain et que ma mère me laissait emprunter. Il y avait toujours ces filles dessinées en gros plan, avec des bouches pulpeuses et des grands yeux et dont les pensées sortaient par petites bulles….
Lichtenstein, né en 1923 à New-York aux Etats-Unis, a commencé à exposer en 1951 sans rencontrer un grand succès. C’est 10 ans plus tard qu’il utilise des images de bandes dessinées, en commençant par Mickey et Donald à la pêche.

Look Mickey 1961

Ses toiles rendaient visibles la trame pointillée qui apparaissait si on agrandissait les imprimés et il entourait les personnages d’un épais trait noir – ce qui devient sa marque de fabrique. Le succès est immédiat. Couleurs franches, thèmes simples en apparence.
Lichtenstein n’a jamais arrêté d’expérimenter de nouvelles techniques ni de travailler des thèmes à partir des artistes des périodes antérieures, Picasso, Matisse, Monet et Mondrian notamment, de thèmes architecturaux ou plus ou moins abstraits, comme la série des « coups de pinceaux », sur des toiles ou des supports en métal.

Matisse

Quand il s’est mis aux sculptures, les couleurs et les thèmes restent les mêmes pour un rendu surprenant.


Le tout est étonnamment apaisant. Une peinture à la fois maîtrisée et personnelle. De grandes toiles aux couleurs vives qui coexistent en harmonie. Lichtenstein a toujours défendu l’idée qu’il travaillait sur l’abstraction et sur la recherche de l’archétype dans les bandes dessinées dont il s’inspirait pour en faire une oeuvre en quelques sorte « classique ». Classique au sens où les visages des marbres antiques ne sont pas des portraits mais une représentation codifiée.  Ses femmes ne représentent pas un idéal de beauté féminine mais un archétype non réaliste et dans lequel le spectateur peut pourtant se projeter.
On découvre bien d’autres thèmes dans cette exposition : les « Intérieurs » (des vues d’appartement dans lesquels il place ses propres toiles), des nus, le tryptique de la cathédrale de Rouen de Monet  réinterprété, une période « surréaliste » et ses dernières toiles inspirées des paysages japonais.
Son oeuvre est bien plus importante que ce qui est présenté mais l’exposition suffit à nous faire découvrir et aimer cet artiste, travailleur et penseur inlassable, méticuleux et réfléchi qui a peint ce qui le passionnait le plus, travaillant à partir des deux extrêmes, la littérature la plus populaire et les artistes les plus importants.

On est surpris. On est enchanté. On a envie de la revoir. Et on a envie d’en savoir plus, de lire les interviews données par Roy Lichtenstein, de voir les vidéos où il est en train de travailler… C’est bien une excellente exposition pour un artiste hors-norme.