Party Girl, Gemma Bovery et Elle l’adore, tous les trois sortis en 2014, ont trois points communs :
Ces films parlent de femmes.
Ils parlent de femmes qui s’ennuient.
Les réalisateurs sont des réalisatrices.

Le premier est co-réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis. C’est un film émouvant et drôle qui m’a transportée de bonheur. Samuel Theis y raconte l’histoire de sa mère, Angélique Litzenburger, qui, à 60 ans, travaille encore comme entraîneuse dans des cabarets allemands et loge dans une petite chambre juste au-dessus. Non seulement, ce garçon, issu d’une fratrie de quatre (deux fils qui ont le même nom de famille, deux filles qui ont celui de leur mère), issu de la Moselle modeste et populaire, a échappé à son destin, contrairement à son frère et ses soeurs, pour monter à Paris et devenir comédien.
Mais il a le culot
de choisir sa propre mère pour jouer cette femme
, exubérante et insouciante, qui fume et qui boit, pour qui le cabaret est et reste toute sa vie et ses propres frères et soeurs pour jouer les enfants de cette femme. Mais voilà, à 60 ans, il faut se ranger des voitures. Un client fait une demande en mariage, l’occasion d’arrêter la fête, les hommes, l’alcool, de vivre enfin dans une vraie maison et, pour ses enfants, le soulagement de « ne pas avoir à se la cogner dans quelques années ». Comment quitter les copines des cabarets, la vie nocturne, le champagne, les confidences des hommes? Ce n’est pas facile. J’ai entendu certains spectateurs, purs bobos parisiens, évoquer l’émission Strip-tease, mais c’est un film écrit de manière juste, réaliste à sa manière sur la nécessité d’avoir à opérer des tournants dans sa vie, sur la peur de l’ennui, de la routine et le refus de l’âge. Ne le ratez pas au cinéma si vous le trouver encore, sinon attendez le DVD. Le film a reçu le Prix d’ensemble, Un certain regard et la Caméra d’Or au festival de Cannes de cette année.

Marie Amachoukeli, Samuel Theis et Claire Burger

Gemma Bovery, réalisé par la belle Anne Fontaine, épouse du producteur Philippe Carcassonne (c’est pratique), est une adaptation du roman graphique de Posy Simmonds, dont Tamara Drewe avait été adapté au cinéma en 2010 par Stephen Frears, Simmonds elle-même inspirée par Flaubert. Lucchini fait du Luchini : les yeux comme des billes de loto, des citations d’auteur. Gemma Arteton, dans le rôle titre, est charmante, Niels Schneider qui joue l’amant est très beau mais joue toujours aussi mal. Elsa Zylberstein, en Française évaporée, mariée à un Anglais richissime, est très bien. Mais on s’ennuie. Encore plus que Gemma Bovery. Reste la campagne normande, près de Lyons-la-Forêt, village de l’Eure que j’adore.

Elle l’adore, écrit et réalisé par Jeanne Herry, fille de Miou-Miou,  Sylvette Herry de son vrai nom et de Julien Clerc, parle du thème de la fan (Sandrine Kiberlain), prête à tout pour aider son idole de chanteur (Laurent Lafitte). Laffite qui sourit peu dans le film et joue de manière mesurée, emprunte beaucoup à Julien Clerc, y compris la tenue de scène. Apparemment Jeanne Herry n’avait pas perçu la ressemblance, pourtant réelle dans le film, avant de commencer le tournage. Le film hésite entre la comédie et la tragédie.

Il se regarde sans ennui réel, mais sans enthousiasme non plus. Le plus réussi, c’est encore l’affiche. Kiberlain était bien meilleure dans Tip-Top et sur le thème de la fan,
revoyez plutôt Backstage d’Emmanuelle Bercot, avec Emmanuelle Seigner, très bien (pour une fois) dans le rôle de la chanteuse star et Isilde Le Besco dans celui de la fan.