Exposition « l’ange du bizarre », prolongée jusqu’au 23 juin. « La mort et le fossoyeur », Carlos Schwab, 1900.

Plus que quelques jours (elle a été prolongée jusqu’au 23 juin) pour aller voir au musée d’Orsay l’exposition « l’ange du bizarre », sous-titrée « le romantisme noir. De Goya à Max Ernst ».
On n’y voit pas d’anges en réalité, à l’exception de Lucifer, l’archange déchu.  Satan, qui symbolise le diable dans la religion chrétienne mais dont le nom, en hébreu, est un nom commun qui signifie l’accusateur dans un procès (c’est depuis l’emploi par Jésus dans le Nouveau Testament de l’expression « Vade retro me, satana ! (éloigne-toi de moi ») que Satan est devenu la personnification du diable), est représenté plusieurs fois. Satan, généralement associé à Belzébuth, prince des démons et seigneur des mouches, est peint dans un tableau de Johann Füssli, peintre anglo-suisse (1741-1825) attiré par les thèmes fantastiques, dans l’évocation qu’il fait de Belzébuth.

Johann Füssli. Satan évoquant Belzébuth sur la mer de feu. 1802.

Un grand tableau de John Martin, inspiré du « Paradis perdu » du poète John Milton (1608-1674) nous montre le Pandemonium,

la capitale souterraine des Enfers (dont l’architecture est étonnamment pré-soviétique…), sous un ciel noir et entourée d’un fleuve de lave brûlante.

John Martin. Le Pandemonium. 1841. Musée du Louvre

La dame ailée de l’affiche est une gracieuse vision de la Mort venant chercher le fossoyeur. Telle une personnification de la nuit qui étend ses ailes sur le monde, la femme vêtue de velours vert tient dans sa main droite une lumière, l’âme de l’homme qu’elle est venue chercher. On est loin des squelettes de Goya qui représente la Mort allant au bal, crâne nu mais vêtue de luxueux vêtements.
L’exposition a d’abord été montrée en Allemagne, à Francfort et elle tient quelques ressemblances avec celle du Louvre, « De L’Allemagne » qui se termine aussi : beaucoup de tableaux regroupés en thématiques assez éclectiques, une période large (fin XVIIIe-début XXe siècle) et un découpage parfois curieux. Il y en a un peu pour tous les goûts.
Passées les salles consacrés à Satan, Lucifer et autres démons, on croise de beaux Füssli (quoique les hommes soient étrangement asexués) et ses monstres qui écrasent les jeunes femmes endormies, des Goya émouvants et même bouleversants, de magnifiques Gustave Moreau (il faut aller au musée dans le 9e arrondissement qui fut sa maison et son atelier et qui est un endroit magique), des sculptures. A la fin quelques très beaux tableaux de Max Ernst. Max Ernst (1891-1976) est un peintre allemand dont le génie fut prolifique et divers. Un an avant sa mort, une rétrospective avait eu lieu au Grand Palais, j’y était allée et rarement ai-je ressenti des émotions aussi fortes. Les quelques oeuvres présentes à Orsay ne donnent pas la plus petite idée de l’ampleur de son oeuvre et de son talent.
Il y a bien d’autres oeuvres à découvrir comme l’histoire de Léonore, enlevée par son défunt fiancé et peinte par le franco-hollandais Ary Scheffer (1795-1858).
Ou les dérangeants cyanotypes (photographies bleutées dues à une technique de développement particulière) de Charles Jeandel (1859-1942) : des femme nues et attachées par des cordes épaisses à des montants métalliques.
Dépêchez-vous!

 

Ary Scheffer. Leonore, les morts vont vite. 1830