Si vous aimez la photo, vous avez sans doute déjà entendu parler de cette mystérieuse Vivian Maier qui a pris des milliers de photos, essentiellement à Chicago où elle vivait et travaillait, sans jamais les montrer, ni les exposer.
Lors d’une vente aux enchères-débarras en 2007 un carton de négatifs et de rouleaux non développés, parmi beaucoup d’autres, est acheté à l’aveugle  par John Maloof, fils et petit-fils de brocanteurs pour 380 dollars. Historien local, il cherchait des photos amateurs sur quelques quartiers de Chicago. Après un premier coup d’oeil, il ne voit pas de photos de rues ou de bâtiments qui pourraient l’intéresser et met de côté le carton. Quelques mois plus tard, il reprend ces photos, les trouve belles et crée un site Flicker pour les présenter. Très vite le site reçoit des dizaines de visiteurs, tous enthousiastes.
La quête commence.
Maloof rachète la plupart des autres cartons vendus le même jour. Un ensemble lui échappe, racheté en 2010, par Jeffrey Goldstein, autre collectionneur.

John Maloo

Au total, 120 000 négatifs sont retrouvés, ainsi que des tirages, des films, auxquels Maloof ajoute le contenu d’un garde-meubles après avoir vu dans la presse l’annonce du décès de Vivian Maier. Peu à peu, il reconstitue la vie de cette femme, photographe inconnue qui a subsisté en étant « gouvernante d’enfants » pour des familles aisées.
De tout ça, Maloof a

fait un film, « Finding Vivian Maier », traduit en français par « A la recherche de Vivian Maier » mais qui aurait pu être traduit par « la redécouverte de Vivian Maier ».


Le film offre plusieurs angles de vue : le remarquable travail de photographe de Vivian Maier, surtout consacré aux gens croqués dans la rue, photograpies parfois prises  à leur insu, parfois obtenues lors lors de poses; ses relations compliquées avec les familles pour lesquelles elle travaillait; sa manière de gérer les enfants; sa personnalité excessivement secrète (elle refusait souvent de donner son nom, se faisant appeler Smith et a orthographié son nom de façons très diverses ; ses origines françaises (la même région exactement des Alpes que ma famille maternelle, le Champsaur, la mère de Maier a le même nom de famille que ma mère…!) et le long travail effectué par Maloof pour rassembler les éléments épars – Maloof part même en France retrouver le dernier cousin vivant de Maier et le fils du photographe qui lui avait fait ses premiers tirages. Maloof ne cache pas non plus le gain financier qu’il tire de cette énorme collection dont les grands musées américains n’ont pas voulu à l’origine, semble-t-il.

Vivian Maier s’est beaucoup photographiée, dans des glaces, des vitrines.. Portant souvent un chapeau et de longs manteaux, habillée sans coquetterie particulière, les cheveux assez courts, elle était très grande (1,80m) et marchait très vite, à grands pas. Sur ses films, on entend sa voix, juvénile et agréable. Elle avait gardé un accent français des quelques années passées avec sa mère dans le Champsaur.

Le film est passionnant car il dévoile une personnalité complexe et une vie difficile.
L’indépendance marquée dont elle a fait preuve jeune se retourne contre elle à la fin de sa vie, bien qu’elle n’ait jamais été abandonnée  par les premiers enfants qu’elle a gardés, des petits garçons. Il semble que les relations avec les enfants suivants aient été moins joyeuses, empreintes de dureté. Elle prenait de plus en plus de photos et avait de moins en moins de patience pour les enfants qu’elle gardait. Au-delà des témoignages, on peut percevoir combien il était difficile pour une femme d’envisager de vivre de sa photographie alors qu’elle n’était pas soutenue par une famille, des relations.

Si vous ne devez voir qu’un film cet été, c’est celui-ci qu’il faut voir!

Un bon article du Vanity Fair français
Plusieurs sites permettent d’en savoir et d’en voir plus

Le site officiel de John Maloof et cet autre site du même
Le site de Jeffrey Goldstein
Le site de l‘Association Vivian Maier et le Champsaur