On peut aller voir un film pour l’affiche, le sujet, le réalisateur ou les acteurs.
Parfois il y a un peu de tout ça et comme j’aime bien les histoires de femmes, je suis allée voir Elle, surtout pour le réalisateur bien que j’apprécie de plus en plus Isabelle Huppert et The Witch pour le sujet.
Image : cinechronicle.com
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Paul Verhoeven est un réalisateur qui aime les sujets dérangeants. La chair et le sang l’a fait connaître en France. Film violent qui a mis en avant la personnalité inquiétante de Rutger Hauer. Robocop a été vu comme une apologie d’un ordre totalitaire. Black Book met en scène la relation ambigüe d’une résistante juive qui tombe amoureuse d’un officier SS.
C’est sans doute Basic Instinct , écrit par Joe Eszterhas, qui est le plus proche de Elle, basé sur un roman de Philippe Djian que je n’avais pas eu envie de lire en raison du thème (une femme dans la cinquantaine agressée et violée chez elle entretient une relation étrange avec son agresseur).
Catherine Tramell (Sharon Stone) comme Michèle Leblanc (Isabelle Huppert) incarnent des femmes autoritaires face à des hommes qu’elles manipulent. Des femmes à la sexualité forte et affirmée. La célèbre séance de l’interrogatoire de Sharon Stone qui croise et décroise les jambes trouve un écho dans les scènes sexuelles brutales de Elle.
Elle est aussi

un film où la parole joue un rôle très actif. Il y a quelque chose de psychanalytique dans les échanges entre Michèle et ses parents (incroyable Judith Magre), qu’elle tue littéralement à coups de phrases assénées sans ménagement.  Elle a certes quelques raisons de leur en vouloir, un père assassin, une mère égoïste qui passe son temps avec des gigolos.
Si on devine assez vite qui est l’agresseur de Michèle, les dernières minutes du film sont plus qu’intrigantes, comme l’était la fin de Basic Instinct.
Image : fanactu.com
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The Witch
est le premier film de Robert Eggers.
Une famille anglaise de puritains installée vers 1630 en Nouvelle-Angleterre, expulsée de sa communauté, s’installe en bordure de forêt. Selon leurs croyances, l’être humain nait mauvais et pécheurs et le paradis n’est garanti à personne, même aux jeunes enfants. La disparition du dernier né, Samuel, âgé de quelques jours, déclenche un processus impitoyable de destruction du fragile équilibre. Isolés, n’arrivant pas à se nourrir correctement (le père n’est pas capable de prendre des animaux au collet, les récoltes sont pourries ou peut-être attaquées par l’ergot de seigle), les parents (Ralph Ineson et Kate Dickie) et leurs quatre autre enfants, Thomasin (extraordinaire Anya Taylor-Joy), jeune adolescente tourmentée par la perte de son petit frère qu’elle surveillait, Caleb (Harvey Scrimshaw), enfant sérieux et inquiet, et les jumeaux, Mercy et Jonas, rondouillards et facétieux, se retournent les uns contre les autres jusqu’à un final étonnant. S’agit-il d’hallucinations provoquées par une pratique religieuse anxiogène, la sous-alimentation et peut-être la consommation d’ergot de seigle?
S’agit-il vraiment de sorcellerie? Les célèbres procès de Salem auront lieu 60 ans plus tard en 1692 mais la sorcellerie est présente dans les esprits, la place faite aux animaux (le bouc, le lièvre) importante.
Ce que voit le spectateur est-il réel?
Peu importe au fond.
Ce film troublant est émouvant et parle aussi de la place des femmes dans ce monde-là. Celle de la jeune Thomasin, rivale de sa mère, détestée par les jumeaux, et peu soutenue par son père, n’est guère enviable.
Peut-être ne restait-il que la sorcellerie, un monde de femmes, pour les exclues de ces sociétés…. L’affiche renvoie d’ailleurs à l’extrême fin du film.
Ici, une interview de Philippe Djian qui parle de Oh et de son métier d’écrivain.
Et, l’analyse approndie de Thomas Coispel.
Les Matching Points ont vu Elle bien plus tôt que moi et en ont parlé.
Dasola  a bien sûr vu l’un et l’autre.