Christophe Honoré, 48 ans, est Breton, romancier et cinéaste.
Il a situé son dernier film, « Plaire, aimer et courir vite », en 1993, alors que le sida faisait des ravages dans la communauté homosexuelle – les intellectuels (Michel Foucault, Hervé Guibert dont on voit des photos sur un mur), les artistes (Bernard-Marie Koltès) et les autres, les provinciaux montés à Paris, les jeunes, les moins jeunes.
Epoque que j’ai vue de près, étant animatrice de radio libre comme je l’ai déjà raconté.  Un certain nombre de mes amis et relations de l’époque n’y ont pas survécu, j’en ai accompagné certains à l’hôpital, vu les ravages de la maladie et la détresse, la leur et celle de leur famille.
Cela, Honoré ne le cache pas.
Il y a des moments douloureux dans son film, le personnage de Marco, insupportable et fébrile, dévasté par le virus.
Mais il y a aussi des moments magiques.
Ceux des rencontres, pleines de légèreté – Vincent Lacoste (/Arthur, jeune Breton qui veut monter à Paris et qui passe des filles aux garçons sans aucun complexe), tout à fait sorti des « Beaux gosses » de Riad Sattouf, est irrésistible de beauté, de charme, d’insouciance et les cheveux courts lui vont très très bien… Les répliques mises dans sa bouche sont irrésistibles de drôlerie. « Je ne couche pas avec tous les pédés que je croise. Je ne suis pas un chien de talus ».

Image : france3régions
Image : france3régions

Ceux des moments amoureux et/ou sexuels. Rien à voir avec les longues, complaisantes et pénibles scènes érotiques de « La vie d’Adèle » de Abdellatif Kechiche…. Il y a les rencontres nocturnes, furtives et les moments intimes à l’hôtel, dans les appartements -Honoré est même retourné dans son appartement d’étudiant de Rennes.
Pierre Deladonchamps/Jacques, écrivain, compliqué et père de famille (comme Honoré lui-même, tiens donc) est crédible bien qu’agaçant à force de parler comme un livre -un des tics de Christophe Honoré : les dialogues sur écrits.
Et Denis Podalydès en vieil homo, obligé de payer pour avoir sur son canapé des Adonis (comme Marcel Jouhandeau), est parfait. Grognon. Frustré. Présent et fidèle en amitié.

J’avais adoré « Les chansons d’amour ».
Beaucoup aimé « Les métamorphoses d’Ovide » (2014), pari audacieux et « Homme au bain » (2010) avec François Sagat, qui vient du cinéma porno gay.
« Plaire, aimer et courir vite » est un de ses meilleurs films, sans doute le meilleur.

Un mélodrame, où on pleure, où on est séduit -quand on sort de la salle, on voudrait tous et toutes avoir un Arthur/Vincent Lacoste dans sa vie!-,
où on se demande où on en est de sa vie amoureuse, familiale, sexuelle, de sa vie tout court.
Honoré se retourne sur sa jeunesse, ses rêves et ses idoles, et nous emporte avec lui.

Voir l’interview dans Paris-Match.
La bande-annonce (très bonne bande son, dont Anne Sylvestre, pas entendue depuis des années….)