Carol et Les Innocentes sont deux films qui parlent de femmes, de femmes écrasées par les hommes.
carolCarol, de Todd Hayes, adapte un roman plus ou moins autobiographique (The price of salt/Les eaux dérobées/Carol) de Patricia Highsmith, publié la première fois sous le pseudonyme de Claire Morgan. Le livre fut d’ailleurs très bien accueilli et Highsmith reçut beaucoup de courrier la remerciant d’avoir raconté une histoire d’amour entre femmes qui ne soit pas sinistre et déprimante dans sa conclusion.
Pour faire court, Carol Aird (Cate Blanchett), femme mariée à un homme aisé et mère d’une petite fille, tombe amoureuse de Therese Belivet (Rooney Mara), jeune vendeuse dans un grand magasin chic, fiancée sans enthousiasme et photographe amateur. La passion réciproque entre les deux femmes va suivre son cours et se développer mais il n’est pas facile de sortir des rangs au début des années 1950, même à Manhattan.
Carol/Cate  est une séductrice redoutable, à la voix de vamp basse et mondaine – elle a expliqué avoir baissé la tessiture de sa voix pour y faire passer le désir-. Vêtue de
robes strictes et moulantes, et de manteaux flottants, elle incarne le chic absolu et on aimerait avoir toute sa garde-robe.
price of salt
Therese/Rooney n’hésite pas une seconde, accepte toutes les invitations et prend les mêmes risques que sa séductrice.
L’atmosphère générale de ce film est une reconstitution chic et soignée, très « Mad Men » de l’époque et des différents milieux. Mais le film va au-delà des belles images (j’avais craint que l’effort d’élégance nuise au récit) et nous offre un récit émouvant, jamais mélo, de cette relation dont l’aboutissement est douloureux.
Contrairement à Dasola, je ne l’ai pas trouvé « gnan-gnan », pas même un peu!
Pour les anglophones, il y a un très bon article ici.
innocentes
Les Innocentes
(Agnus Dei) d’Anne Fontaine, cinéaste inégale -mais j’avais beaucoup aimé son adaptation de Gemma Bovery d’après le roman graphique de Posy Simmonds-, est un drame qui se situe en Pologne en 1945 alors que les Russes ont chassé les Allemands. On sait aujourd’hui que les Russes ont violé de nombreuses femmes allemandes, il s’agit ici de religieuses bénédictines dont certaines sont tombées enceintes suite à ces viols. Une jeune médecin, Mathilde Beaulieu (Lou de Laâge) de la Croix-Rouge française, basée à quelques kilomètres du couvent, accepte de les aider en secret.
Comme le dit Anne Fontaine, « le viol est une arme de guerre ». Et pour les Soviétiques, le viol de religieuses revêtait aussi un caractère très politique.
Le film est inspiré par le journal de Madeleine Pauliac (1912-1946), qui était médecin-chef de l’hôpital de Varsovie et chargée du rapatriement des blessés français.
C’est un très beau film, très émouvant qui ne recourt jamais au mélodrame. Toutes les actrices polonaises qui jouent les religieuses sont remarquables. Comme dans Carol, les habits tiennent une place à part: voile blanc ou noir selon que les voeux définitifs ont été ou non prononcés, vêtements militaires pour Mathilde et le médecin (Vincent Macaigne) avec qui elle travaille, manteaux grisâtres des jeunes orphelins….
Dasola a aussi aimé.
(et, non, je n’ai pas encore Internet chez moi… Je poste de mon bureau désert).